VENISE
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 Le Petit Salon Privé

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Elio Lacryma Adorasti
Prince - Ca'Adorasti
Elio Lacryma Adorasti


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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleDim 18 Nov - 2:59

Premier Post du Jeudi 5 Mars 1744

Deux coups frappés à la porte, une pause puis le panneau pivota et Elio entra dans la pièce.
Il ne marqua aucune surprise à la présence de Samuele, il savait à peu près tout ce qu'il avait à savoir sur les visites que ce dernier rendait à son épouse. Et bien que la venue du Prince di Grazziano dans sa maison lui fut désagréable, il ne lui serait pas venu à l'idée d'interdire ses visites. Bianca avait besoin de sa famille et refuser un frère aurait été faire montre d'une insensibilité malvenue.
Tout en examinant sa mine et sa tenue, il s'inclina devant son épouse
.

"Madame, je vois avec plaisir que vous êtes debout. C'est donc que vous avez enfin décidé de ne plus vous laisser aller à l'indolence et que vous vous sentez mieux. Vous m'en voyez heureux." Se tournant vers Samuele, il le salua de la tête. "Monsieur mon Beau-Frère, je vous suis reconnaissant de tenir compagnie à mon épouse. Cependant.."

Il se dirigea vers la fenêtre et l'ouvrit, laissant entrer l'air frais et ensoleillé du début d'après-midi
.

"Je doute que sa lassitude ne se dissipe si elle s'obstine à rester enfermée ainsi dans ces appartements surchauffés. Savez-vous Madame que vous possédez l'un des plus ravissants jardins qui soient ? Non certainement, vous ne le savez pas puisque vous n'en avez point foulé une seule fois les allées entretenues pour votre plaisir depuis la fin de l'hiver. Mais il me semble vous avoir déjà donné mon sentiment, vous attendez un enfant, vous n'êtes pas souffrante."

Il revint au centre de la pièce et croisa les bras.

"Mais laissons là. Venons-en à ce qui a requis ma présence."
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Samuele di Grazziano
Prince - Ca'Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleDim 18 Nov - 5:01

Samuele ne chercha pas à faire face à sa soeur alors qu'elle lui avouait ce dont il se doutait déjà depuis un bon moment. Au moins, elle avait le mérite de franchir le pas.

« Tu n'oses rien demander ? Cela changera. Il faut que tu parviennes à grignoter un peu de sa présence 'si forte' pour qu'il ne t'étouffe plus. »

S'il eut dans l'idée d'agrandir son sourire, il se ravisa immédiatement lorsqu'Elio pénétra dans la pièce. Il lui rendit son salut, présentant son visage grave habituel, mais son regard, qu'il avait préféré poser sur Bianca, se fit un instant interrogateur alors qu'il écoutait les paroles de son époux.

« Je ne fais que mon devoir, Monsieur mon Beau-Frère. Et il semblerait que Bianca se contente simplement de suivre les recommandations du médecin, n'est-ce pas ? Mais... », ses paupières s'abaissèrent légèrement, contemplant la jeune femme derrière ses cils, « Je ne doute pas un instant qu'elle saura apprécier ce jardin à sa juste valeur lorsqu'elle sera sortie de cette phase délicate qui est présentement la sienne. »

Bien qu'il n'en montra rien, il eut l'étrange impression qu'Elio allait dans le même sens que lui concernant quelques-uns des points précédemment évoqués en compagnie de sa soeur. Et afin de confirmer ou infirmer ses doutes, il osa, d'un ton presque enjoué :

« Et il me semble que tu portes la musique en très haute estime, Bianca ? Il doit bien y avoir ici de quoi te satisfaire dans ce domaine... Afin de te divertir davantage, tu pourrais même aller jusqu'à tenir salon et échanger avec des hôtes qui nourriraient pour cet art le même intérêt. »
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Bianca Grazziano Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleDim 18 Nov - 22:57

Parvenir à grignoter de la forte présence d'Elio pour s'imposer elle-même... voilà qui était aisé à dire. Il était évident que Bianca n'avait pas peur de répliquer à son époux quand elle considérait injustifiée une de ses remarques, mais son regard dur la glaçait et elle craignait ses réactions. Elle n'avait toujours pas oublié le jour où il l'avait enfermée dans ses appartements.

Oui elle voulait un salon, et elle en aurait un, elle ferait cela pour quand le moment serait venu, quand sa situation se serait stabilisée, quand elle pourrait compter sur le soutien et l'aide d'une dame de compagnie et que ses soucis majeurs l'auraient laissée en paix. Oui, elle voulait de la musique mais non, elle n'osait pas demander pour l'instant pour les mêmes raisons que précédemment. Lui donner les idées était une chose, avoir les moyens de les accomplir en était une autre. Et pour l'instant, quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, son époux trouvait toujours à redire et lui imposait sa propre vision des choses.

L'arrivée d'Elio ne fut que le plus bel exemple qui soit à ce sentiment. A peine entré qu'une première remarque tomba, suivie d'une autre. Il alla même ouvrir une fenêtre d'autorité sans prendre la peine de se demander auparavant si elle ne l'avait pas fait elle-même tout simplement parce que la température lui convenait. Comment ne pas se sentir lassée, désoeuvrée face à un comportement écrasant et perpétuel ?


"Elio, vous n'êtes pas toute la journée dans mes appartements que je sache. Je suis debout et couchée quand bon me semble sans que vous n'en soyez forcément tenu informé dans l'instant."

Quand Samuele mit en avant que le repos s'agissait d'une recommandation du médecin, Bianca hocha la tête et ajouta.

"En effet, mais comment le saurait-il ? Les visites de Maître Barozzi ne sont que secondaires." dit-elle d'un ton ironiques sachant parfaitement que son époux aurait, sur ce point encore, de quoi répliquer.

Se défendre indéfiniment, tel était son quotidien depuis plus d'un an. C'était probablement cela qui l'épuisait plus qu'une grossesse. Et cette situation, eux trois réunis, la mettait bien plus mal à l'aise qu'elle ne l'aurait cru au départ. Au lieu de faire tampon entre les deux princes antagonistes, voilà que leurs idées se rejoignaient contre elle.

Elio lui avait déjà dit qu'elle devrait avoir un salon où se réuniraient des artistes et du beau monde. Or Bianca venait d'en parler à son frère juste avant l'arrivée d'Elio et lui avait dit qu'elle aimerait effectivement en tenir un mais ne savait pas comment s'y prendre. Pourquoi donc en reparler maintenant devant son époux ? Ses paroles n'avaient pas valeur à ses yeux d'un simple conseil mais ne faisait qu'enfoncer le clou en la rabaissant d'avantage sur son incapacité momentanée à accomplir ce que ferait aisément une princesse digne de ce nom.

Bianca regarda son frère, une expression indéfinissable sur le visage. Etait-ce un procès ? Bianca se sentait sur le point d'exploser.


"Nous ne sommes pas réunis ici pour parler de moi il me semble !" trancha-t-elle pour couper cours aux polémiques. Son coeur battait à ses tempes et une chaleur désagréable se plaquait à sa nuque et ses oreilles malgré la douce fraîcheur entrant par la fenêtre ouverte.

La princesse contourna les deux hommes et prit le testament entre ses doigts avant de revenir vers eux pour le leur tendre. Bianca regarda plus précisément son époux, l'air déterminé.


"Etant donné l'incertitude à venir me concernant, j'ai pensé à prendre des dispositions pour l'éducation de notre enfant. Si je vous ai fait venir, c'est qu'il est bien évident que nous pouvons en parler. Cependant mes souhaits sont très clairs et j'attend à ce chacun des points soit respecté."
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleLun 19 Nov - 23:34

Le prince chassa la reflexion de son beau-frère d'un mouvement fluide de la main.

"J'entends tout à fait les recommandations de Maître Barrozi et je ne mettrais pas leur pertinence en doute, bien qu'il me m'ait jamais semblé que quelques pas dans un jardin soient une épreuve de force. Et non, Madame, en effet, je ne passe pas mes journées dans vos appartements, Dieu m'en garde."

Il n'était en présence de son épouse que depuis quelques minutes, que déjà, il en était lassé. Il tourna le regard vers Samuele qui parlait de divertissements, de musique et de salon. L'impatience d'Elio se lisait clairement dans le mouvement de ses doigts fins qui tapotaient une musique muette sur sa cuisse.

"Nous avons parmi nos hôtes un claveciniste de talent, Monsieur Danilo Della Lonza. Il lui serait sans doute agréable de plaire à Madame votre soeur, si seulement celle-ci en exprimait le désir." Le regard d'ambre se reporta sur Bianca. "Quant à tenir salon, la Comtesse Gurrieri, qui fait également partie de cette Maison, ne serait que trop heureuse de vous aider. Mais pour cela encore faudrait-il que vous cessiez de geindre et vous tordre les mains en attendant que l'on devine vos attentes. Vous êtes la maîtresse de cette Maison, vous êtes celle qui doit décider et non celle qui doit mendier. Cessez donc de vous défendre de tout, Bianca, cela m'épuise et ne sert pas votre cause. Grandissez, par pitié !"

Il haussa un sourcil, la jeune femme montait le ton. Dieu que c'était déplaisant. On lui avait parlé des humeurs caractérielles des femmes grosses mais cela ne l'en exaspérait pas moins. Qu'elle en vienne au fait ! Ah voici qu'elle cueillait une feuille de papier sur une console
.

"Vos dispositions ? Vraiment ? Et bien, je vous félicite de votre prévoyance, lisez-nous un peu cela. Mais faites vite et épargnez-nous les apitoiements, je vous prie."

Nul doute qu'il eut préférer régler ces détails sans la présence de Samuele, cependant en tant que frère ainé, il était naturel qu'il assiste à la lecture des volontés de la jeune femme. Il sourit pourtant, sans la présence d'un homme de loi, ceci n'était en effet que des volontés. A respecter, ou non. Et cela, le prince di Grazziano devait le savoir aussi bien que lui-même.

"D'ailleurs, en parlant de vos souhaits pour le futur de notre enfant ; avez-vous pris la peine de voir les nourrices que j'avais séléctionnées ? Avez-vous fait un choix ? Il faudra sans doute faire prévenir l'élue pour qu'elle se tienne prête rapidement."
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Samuele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleMar 20 Nov - 1:19

Bien, voilà qui était clair. Tout ce que disait Elio confirmait et rejoignait ce que lui-même avait présenté à Bianca avant qu'il n'arrive. Et la jeune femme se défendait du mieux qu'elle pouvait alors que cela était tout à fait inutile, puisqu'il n'y avait pas d'attaque à proprement parler, seulement les mêmes remarques sortant de deux bouches pourtant prédestinées à s'affronter, raison pour laquelle selon lui Bianca agissait de cette façon en retour – en plus de son état. Il se doutait cependant qu'elle avait parfaitement compris le fond de la chose, toutes ces paroles ne visaient que son propre bien, mais elle persistait, donnant à la présente situation un aspect ironique qui manquait à chaque mot prononcé de franchir la limite du pathétisme. Ce fut d'ailleurs pour cela qu'il s'abstint de prendre la défense de sa soeur ou, plus grossier encore, d'approuver Elio malgré la dureté de celui-ci. Au lieu de cela, Samuele éleva les bras au niveau de son visage, puis les laissa mollement retomber le long de son corps, paraissant faire un triste constat, tel que *Eh bien, tu as eu droit à la patience de ton frère ainsi qu'à l'agacement non-dissimulé de ton époux, j'espère qu'il ne t'en faudra pas davantage.*

Réprimant un soupir, il s'amusa un instant à comparer l'attente de vingt années consécutives à la patience dont il devrait témoigner pour supporter les minutes à suivre. Puis sa réflexion dévia, dessinant sur ses lèvres un fin sourire : pour qui cela était le plus pénible ? Certainement pas pour lui, et connaissant actuellement son cas, il n'osait imaginer celui des deux époux – ou alors prenait-il cruellement plaisir à s'en faire une idée...

Balayant toutes ces pensées qui l'envahissaient subitement, il s'éclaircit la gorge. Ainsi, Bianca entendait imposer chacun de ses souhaits ? Rien de plus naturel, cependant...


« Ma chère petite soeur, nous t'écoutons. Et crois bien que nous discuterons patiemment de chaque point, avec bien entendu... », il lança un regard en coin vers Elio, remarquant sans peine son sourire, puis un haussement de sourcil significatif à l'adresse de Bianca, « ... tout ce que le verbe 'discuter' implique. »
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Bianca Grazziano Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleMar 20 Nov - 22:40

Se défendre ou acquiescer et faire ce qu'on lui demandait ? S'imposer, faire ses choix ou suivre l'ordre établi et la vision des autres ? Il y avait là de quoi en perdre son latin. Prenons l'exemple du jardin. On lui demandait d'en profiter. Elle n'en avait pas très envie. Devait-elle s'imposer comme on le lui demandait en restant butée sur son choix de rester dans ses appartements ? Visiblement non, cela n'avait pas fonctionné vu les réflexions d'Elio. Devait-elle donc dire 'amen' et obéir à tout ce que lui disait son époux ? Cela ne correspondait pas non plus puisqu'elle devait décider et s'imposer.

Ces réflexions tournèrent un instant dans l'esprit de Bianca qui se sentait de plus en plus déstabilisée. De plus, elle se rendait compte que ses sautes d'humeur ne lui ressemblaient pas du tout, elle qui était toujours si calme et sûre d'elle. Une grossesse pouvait-elle donc perturber à ce point le caractère et les humeurs de quelqu'un. Elle l'avait entendu dire oui, mais le vivre était particulier. Elle espérait juste que tout rentrerait dans l'ordre après l'accouchement, que ces angoisses qui embrumaient son esprit s'évanouissent et qu'elle puisse enfin réfléchir calmement s'en s'emporter ou se vexer.

C'est le haussement d'épaules de son frère qui lui fit prendre conscience de cela. En était-elle arrivée à exaspérer à ce point son entourage pour que son frère qui l'avait toujours soutenue se contente de lever les bras en signe d'impuissance plutôt que de l'aider ? Bianca ne répondit rien à son époux qui insistait encore et toujours sur les mêmes points. Bien, elle irait au jardin s'il n'y avait que cela pour avoir la paix.


*Danilo Della Lonza et la Comtesse Gurrieri... oui, j'y penserai...* réfléchit-elle, les yeux posés sur son testament. Oui elle y penserait quand tout cela serait terminé.

Mendier, grandissez, apitoiements... ces mots peu aimables glissèrent un peu au-dessus d'elle sans vraiment l'atteindre et ceci pour deux raisons. La première était qu'elle les entendait souvent et qu'ainsi leur pouvoir avaient moins d'effet sur elle, la seconde, parce qu'une idée s'imposait à son esprit et lui donnait presque envie de sourire. C'était un peu comme si une porte s'ouvrait, lui laissant apercevoir un peu plus clairement l'avenir qu'elle voyait jusqu'ici brouillé.

Mais pour l'instant, il fallait reléguer tout cela à plus tard et terminer les obligations qu'engendrait cette grossesse. Lorsque la princesse se tourna vers Elio, son regard était presque aimable, bien que son ton restait ferme et décidé. Nouvelle saute d'humeur ? Peut-être...


"Effectivement, je les ai reçue une par une. Je vous remercie de les avoir sélectionnée auparavant. J'ai choisi une jeune femme prénommée Sara qui m'a semblée la mieux éduquée et la plus douce. Elle m'a semblé équilibrée et très enthousiaste quant aux conditions dont vous lui avez fait part pour ce travail. A ce propos.. je trouve très honorable de votre part de vouloir qu'elle garde son propre enfant à ses côtés plutôt que de l'en séparer comme cela se fait habituellement. Je ne m'opposerai aucunement à cette décision mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour notre enfant... aura-t-elle assez de lait pour les deux ? Sera-t-il aussi bien nourri si elle le fait téter après le sien ? Bien sûr Sara sera plus heureuse avec son bébé à ses côtés et cela ne peut être que bénéfique pour le nôtre.. mais je préférais vous parler de ce point pour savoir ce que vous-même en pensiez..."

Une fois que les deux hommes furent prêts à écouter ses volontés, Bianca reprit entre ses doigts le feuillet mais n’eut pas besoin de le lire, se contentant de regarder tour à tour Elio et Samuele.

"Elio, je souhaite que notre enfant porte en second et troisième prénom les prénoms de nos parents, no pères si c’est un garçon, nos mères si c’est une fille." commença-t-elle en regardant plus particulièrement son époux.

"Comme parrain et marraine, j'aimerais qu'il s'agisse de mes parents." poursuivit-elle, manquant grincer des dents en se doutant de la réaction d'Elio.

"Si je devais ne pas… survivre à mes couches, je veux que ma tante, la sœur de mon père, se charge de son éducation, ici même Ca'Adorasti. Et je voudrais être enterrée à Naples et non dans le caveau Adorasti." expliqua-t-elle.

"Je souhaite également qu’il ou elle apprenne la musique dès son plus jeune âge." ajouta-t-elle en repensant à son propre désir lorsqu’elle était plus jeune.

"Par ailleurs, je refuse catégoriquement qu’il soit envoyé en pension si c’est un garçon ou au couvent si c’est une fille. Je préfère qu’il soit instruit par des précepteurs." Bianca insista particulièrement sur ce point car elle-même avait trop souffert d’être séparée de sa famille pour aller au couvent. Elle refusait que son enfant ressente la même chose.

"Ensuite, je voudrais qu’il connaisse sa famille maternelle. Pour cela, je demande à ce qu’il soit envoyé deux semaines à Naples et cela quatre fois par an." dit-elle en regardant son frère.

"A ses 25 ans, je souhaite que notre enfant hérite de ma dot." précisa-t-elle.

"Et pour finir…" annonça-t-elle avec un temps d’arrêt. "Je veux que notre enfant puisse choisir la personne qu'il épousera."
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleMer 21 Nov - 20:16

Elio avait pris la résolution de tout écouter sans manifester la moindre humeur. Il n'eut pas un geste, restant de marbre tout au long du discours de son épouse. Seuls ses yeux, dans lesquels un feu violent s'était embrasé, montrait son réel sentiment.
Quand il prit la parole, sa voix était juste un peu plus basse
.

"Je comprends vos craintes concernant la nourrice, elle sera surveillée de façon à ce qu'une telle chose ne se produise pas. Et si cette Sara s'avèrait trop sotte pour comprendre où se trouve son intérêt, et bien vous en choisirez une autre. Les filles de la campagne ne manquent pas."

Le prince se pencha un peu en avant et saisit la feuille de papier que Bianca tenait entre ses doigts. Il s'installa plus confortablement dans le fauteuil et croisa les jambes.

"Permettez."

Il resta un instant silencieux, parcourant le testament des yeux. Tout était parfaitement ordonné, l'écriture sans rature était élégante bien que tremblée sur certains mots, ce dernier point révélait l'émotion qu'avait causé à la jeune femme la rédaction d'un tel texte.

"Asseyez-vous, Madame, cela risque de prendre beaucoup plus de temps que prévu." La voix aimable, sans trace d'agressivité était même étrangement douce. "Il semble que ce que vous ayez couché là soit sujet à discussion. Mais prenons point par point voulez-vous."

Il attendit qu'elle soit installée sur la duchesse et reprit d'un timbre égal sur le ton de la conversation.

"Voyons d'abord ce qui me semble raisonnable. Votre souhait concernant les prénoms respecte la tradition de nos deux familles, cela me convient. Que l'enfant reçoive une éducation artistique me plait, comme vous le savez les Adorasti ont toujours protégé les arts. J'accepte bien évidemment les dispositions que vous souhaitez prendre pour votre dot. Et si par.. hmm bonheur.. vous surviviez à vos couches et donniez le jour à d'autres enfants, la même somme leur sera reservée sur ma cassette personnelle."

Il fit une pause, cherchant des yeux une phrase qui l'avait interpellé.

"Je n'ai rien contre la présence aux côtés de notre enfant d'un membre de votre famille, Madame. Cependant, je ne connais pas votre tante, et je ne pourrais donner mon accord avant de l'avoir rencontrée. Quoiqu'il en soit, il va sans dire que l'éducation de notre enfant m'incombera ainsi qu'il est naturel."

Il porta le regard tour à tour sur Samuele puis Bianca et hocha la tête.

"Voici donc ce qui me convient. Nous débattrons du reste ensuite, si vous le voulez bien."

Il tendit la feuille de papier à Samuele, lui laissant la parole.
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Samuele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleMer 21 Nov - 23:23

'Il semble que ce que vous ayez couché là soit sujet à discussion'. Si Samuele n'avait eu, à cet instant, aucune maîtrise de lui-même, il se serait sans le moindre doute emporté dans un éclat de rire qu'il n'aurait jamais pu taire tellement la constatation d'Elio était légère. Mais tout comme lui, le Prince Adorasti devait se faire violence pour ne rien laisser paraître de ce qu'un tel testament suscitait en lui. Il était certain que Bianca nourrissait un trop grand espoir, totalement démesuré même.
Comme la politesse ainsi que son respect pour sa soeur le voulaient, Samuele resta calme dans un premier temps, mais une ride ne tarda pas à barrer son front lorsque sa tante fut évoquée. Et pas n'importe laquelle. Sa tante, la soeur de son père, celle qui...


« Hum. »

Le Prince posa une main sur sa hanche, frottant de l'autre le bas de son visage en signe d'évidente perplexité. Il attendit patiemment qu'Elio ait terminé, puis saisit la feuille qu'il venait de lui tendre et parcourut celle-ci du regard.

« Bien, je vais quant à moi directement élever une contestation sur un point précis. Notre tante, Bianca. Je crains tout d'abord que Cesira ne soit pas apte à assurer un tel rôle, pour des raisons que je n'exposerai pas ici. Ensuite, tu n'es pas sans savoir que désirer la présence d'un membre de notre famille en ce lieu revient à dire qu'un autre di Grazziano sera sous contrôle Adorasti, et je répugne – il adressa à cet instant un sourire ironique à Elio, ajoutant un vague « Restons sincères, mon cher Beau-Frère » – à accepter pareille chose. », il marqua une pause, croisant les bras et levant les yeux au ciel, « Et puis, bien qu'il s'agisse de toi et de ton enfant, as-tu seulement pensé à la réaction d'Annalisa face à une telle demande ? »

Il avait évoqué la soeur de sa mère pour clairement insister que Cesira ne pouvait tout simplement pas être chargée d'une quelconque tâche. Si l'envie prenait Bianca, elle pourrait très bien s'informer auprès d'Annalisa afin d'au moins savoir son avis. Il s'approcha de sa soeur pour lui remettre le testament, la fixant avec insistance :

« Pour ce qui est du rôle que tu souhaites donner à nos parents, je t'avoue ne pas approuver ce choix, et je devine qu'il en est de même pour Monsieur mon Beau-Frère puisqu'il n'a, jusqu'ici, que cité ce qui lui semblait 'raisonnable'. Afin de te donner une explication, je ne pourrais qu'évoquer les principes – de Père, surtout – qui ne seront pas forcément les vôtres, à toi et à ton époux. Or, dans ce cas précis, une entente est plus que préférable, ne crois-tu pas ? »

Un faible sourire naquit sur ses lèvres, alors qu'il s'éloignait de Bianca pour regagner sa place :

« Enfin, je ne vois aucun inconvénient à ce que ton enfant rejoigne Naples lorsque tu l'indiqueras, mais cela... », de nouveau, son attention se porta sur Elio, « ... Je n'ai rien à ajouter. J'attendrai votre avis sur les points restants pour exprimer le mien. »
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Bianca Grazziano Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleJeu 22 Nov - 20:55

Son époux ainsi que son frère n'avaient rien dit, rien manifesté pendant qu'elle énonçait ses volontés. Elle ne sut dire si cela la soulageait ou l'inquiétait d'avantage. Toujours est-il qu'elle avait les mains moites.

Elio revint sur le problème de la nourrice et ses explications la rassurèrent. Elle hocha la tête affirmativement, soulagée des décisions de son époux.


"Très bien, cela me convient parfaitement." dit-elle.

Venait le moment de la discussion portant sur ses volontés. Elle laissa Elio se saisir de la feuille de papier et s'installa dans la duchesse à sa demande. Son époux avait l'air serein et Bianca eut l'espoir que le débat se fasse sans heurt ni éclat de voix. Il voulait commencer par examiner les points avec lesquels il était d'accord et Bianca lui en fut reconnaissante. A chaque point qu'il annonça, un poids en moins pesait sur son coeur. La princesse acquiesça sans quitter Elio des yeux.


"Bien entendu, vous avez une part majoritaire dans l'éducation de notre enfant." approuva-t-elle tandis qu'il tendait le testament à Samuele.

Bianca ne put s'empêcher de froncer brièvement les sourcils. Il restait encore beaucoup de points dont Elio n'avait pas fait mention et dont il faudrait débattre. Or, deux points en particuliers étaient à ses yeux sans concession. Cependant, elle ne dit rien, attendant que le moment vienne et se contentant de tourner le regard vers son frère.

C'est avec compréhension mais également étonnement qu'elle écouta la première contestation. Ce qui était gênant, c'est qu'il lui assura un fait sans vouloir l'expliquer.


"J'entend parfaitement ce que tu dis Samuele, mais tu m'en vois surprise. Je voyais au contraire Cesira parfaitement apte à s'occuper d'une part de l'éducation de l'enfant. J'ignore quelles sont tes raisons et j'espère que tu m'en feras part pour que je comprenne cette décision. Mais soit, il est vrai qu'Annalisa tiendrait également ce rôle à merveille." condéda-t-elle les yeux levés vers son frère.

"Quant à ce que tu as évoqué sur le fait qu'un autre Grazziano soit sous le contrôle de la famille Adorasti..." Bianca jeta un coup d'oeil presque gêné à Elio avant de regarder de nouveau son frère. "... je peux le comprendre mais il est clair que cela ne changerait rien et que mon enfant restera la priorité."

Bianca regarda de nouveau Elio et hocha de nouveau la tête.

"Et bien entendu vous pourrez faire sa connaissance avant d'accepter cette décision, Elio." ajouta-t-elle en récupérant le testament que Samuele lui redonnait.

Bianca écouta attentivement la seconde contestation de son frère et laissa son index venir tapoter ses lèvres d'un air pensif. Si les deux points fondamentaux encore non cités qui lui tenaient à coeur devaient être acceptés, elle devait faire des concessions sur les autres points. Cependant, rien ne l'empêchait d'argumenter pour bien comprendre les choix de chacun.


"J'avais simplement confiance en nos parents s'il devaient venir à s'occuper de l'enfant. Mais effectivement, c'est un point encore non cité par mon époux, j'attendrai donc d'avoir ses propres propositions et je suis prête à revoir mes décisions concernant ce point." dit-elle en tendant de nouveau la feuille à Elio au cas où il en ait de nouveau besoin pour la suite.
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleSam 24 Nov - 2:38

Ainsi la tante posait un problème. Et à voir l'expression du Prince di Grazziano, cela lui était un vrai souci. Elio suivit avec patience, attention voilée par une apparence d'ennui, l'explication entre son épouse et son beau-frère. Qui était donc cette tante qui offrait tant matière à controverse ? Il détourna la tête légèrement pour dissimuler un demi-sourire amusé, qui se transforma en étonnement à peine esquissé quand Samuele contesta le parrainage de l'enfant à venir. Fallait-il qu'il se sente à l'aise pour ainsi évoquer en sa présence les dissensions agitant la famille napolitaine. Il constatait avec intérêt que certaines choses semblaient vraiment pourries au royaume de Danemark. Cependant un je-ne-sais-quoi n'allait pas et il n'arriva pas à mettre le doigt dessus jusqu'à ce qu'un regard de Bianca sur son frère ne l'éclaire. L'inconditionnel support dont il avait pu être témoin auparavant n'était plus là. Qu'est-ce qui avait changé dans la relation fraternelle ? La grossesse de la jeune femme était-elle en cause ou s'agissait-il de quelque chose de plus profond, de plus personnel ?
Alors que rien ne transparaissait sur le visage lisse du prince, son regard se fit plus acéré dans l'observation quand il prit la parole
.

"Ainsi Monsieur, vous redoutez mon influence sur un membre de votre famille ? Je ne savais pas les Grazziano faibles au point de se laisser manipuler aussi aisément et cela me navre, croyez-le bien. Quant à choisir laquelle de vos tantes devrait remplir le rôle que mon épouse souhaite lui voir attribuer, je souhaiterais que vous m'épargniez le spectacle de vos chamailleries."

Un sourire adoucit les mots prononcés et ceux à venir, tandis qu'il désignait un fauteuil d'un geste aimable
.

"Je vous serai infiniment gré si vous pouviez vous assoir, vous voir debout, m'obligeant à lever la tête pour vous parler, m'est particulièrement inconfortable." Ayant à nouveau le testament en main, il se tourna vers la jeune femme. Sa voix basse, son regard attentif visait à se faire entendre sans brutalité. "Comme Monsieur votre Frère vient de l'évoquer, et ce sera le premier point qui sera donc discuté, il serait tout à fait hors de propos que mon héritier soit élevé par vos parents si je venais à disparaître, Bianca. Je crois que vous oubliez un peu facilement le nom que vous portez et la famille à laquelle vous appartenez depuis notre mariage, mais j'y reviendrai. J'accepte que Monsieur assiste à la lecture de vos volontés parce que j'estime cela correct. Cependant rien ne m'oblige à entendre ses souhaits. Je les comprends et les prends en compte par respect envers vous. Veillez à me retourner cette même considération, je vous prie. Le parrainage de l'enfant reviendra à ceux que je désignerai, et j'espère recevoir votre soutien sur ce choix. Dans le cas contraire, si vous n'arrivez pas à concevoir que j'agis pour le mieux de l'enfant, je m'en passerai."

Il fit mine de reprendre la lecture du document, laissant le silence s'installer quelques minutes, puis reprit la parole
.

"Bien. Vous admettrez également que certains de vos désirs sont pour le moins.. fantaisistes. Je comprends que la lecture de romans à la mode dans lesquels l'héroïne décide de tout et de n'importe quoi au mépris des plus élémentaires convenances vous captivent, mais vous n'étes pas un personnage de littérature, Bianca. Vous ne pouvez me demander de laisser mon héritier vivre une partie de son temps à Naples. Ceci est tout à fait impossible. Si Monsieur votre Frère redoute qu'une parente adulte subisse l'influence des miens, que penser d'un enfant laissé à la garde de vos père et mère ? Non que je compte priver l'enfant de ses grands parents maternels mais la modération est une chose que j'apprécie. Des visites seront organisées, ici, à Venise."
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Samuele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleSam 24 Nov - 17:16

Les Grazziano, faibles ? Un picotement sur le bout de la langue, Samuele ressentait l'irrépressible envie de répondre à Elio avec toute la courtoisie qu'il réservait généralement à ce genre de remarque. Mais soit, il existait plusieurs moyens de faire face à une provocation, parfois dans l'immédiat, parfois plus tard. Inutile de préciser ce qu'avait choisi Samuele à cet instant, il laissa longuement courir sur son beau-frère un regard inexpressif, eut peut-être un faible sourire et s'installa, les coudes appuyés sur les bras du fauteuil, les doigts entrelacés. Encore un peu, et l'on aurait pu penser qu'il avait complètement oublié Cesira au profit d'autres soucis. Grossière erreur cependant, car sa tante représentait encore la source majeure de son inquiétude, et les paroles de sa soeur à son propos le firent se renfrogner imperceptiblement. Se rendait-elle seulement compte de ce qu'elle avançait ? Cesira, parfaitement apte à s'occuper de son enfant ? Diable ! L'avait-elle souvent rencontrée pour en parler ainsi ?! Samuele plissa les yeux alors que la situation de l'époque lui revenait progressivement en mémoire. Sa tante n'avait plus eu aucun contact avec les Grazziano, ceci depuis près d'une dizaine d'années, tandis que Bianca... avait passé ses jours dans un couvent.

*...*

Cesira avait-elle osé ? Samuele, par habitude, créait des liens partout où cela était possible, et compte tenu du genre de femme qu'était sa tante, ce qu'il imagina ne lui parut que trop crédible. Sourire qu'il ne parvint pas à retenir, il appuya nonchalamment sa joue contre la paume de sa main et déclara d'une voix où pointait de l'amusement, dissimulant par ailleurs la colère sourde qui grondait en lui :

« Je te dirai bien entendu pourquoi je considère Cesira comme étant incapable de s'occuper de ton enfant, Bianca. Quant à moi, je serais curieux de savoir par quel moyen tu as pu être persuadée du contraire. Mais nous parlerons de cela plus tard, seuls, afin de ne plus ennuyer ton époux avec cette histoire. »

Dans un même temps, il reporta son attention sur le concerné qui n'était visiblement pas disposé à faire la moindre concession. Samuele l'écouta sans émettre d'objection, riant intérieurement alors qu'il imaginait ses parents se rendre à Venise.

« Je doute que de courtes visites dans la demeure de ses grands-parents ne fassent du mal à votre héritier, Monsieur mon Beau-Frère, mais ne pouvant m'opposer ainsi à la décision d'un père, je n'ai plus qu'à m'en remettre à la curiosité propre à chaque enfant. Peut-être que le vôtre finira lui-même par vouloir se rendre à Naples, cela serait amusant, pour sûr. »
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Bianca Grazziano Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleJeu 29 Nov - 0:07

Le regard nerveux de Bianca se posa un instant sur son époux. Celui-ci donnait l'impression de s'ennuyer mais elle se doutait bien qu'il avait une oreille attentive à tout ce qui se disait. Que les différends existant dans la famille Grazziano soient exposés devant son époux n'étaient pas une réelle source de problèmes bien qu'elle aurait préféré qu'elle et son frère en discutent en privé.

Alors qu'Elio profitait d'une phrase de Samuele pour l'exagérer en sa faveur, Bianca intervint, d'un ton plus lassé que véhément. Elle se doutait bien que Samuele n’avait pas du rester non plus insensible à cette remarque. Quelle situation désagréable !


"Elio, il ne me semble pas avoir entendu mon frère dire qu'un membre de la famille serait manipulé. Il serait simplement sous votre autorité, ne déformez pas ses propos s'il vous plaît et revenons au sujet principal. Et ce que vous appelez à tort chamailleries n'est que le fruit d'une discussion qui tend à trouver le meilleur résultat pour notre enfant." dit-elle d'une voix calme pour ne pas paraître sur la défensive alors qu'Elio gardait un sourire patient.

"Quant à Cesira, oui, nous en reparlerons plus tard." dit-elle en regardant son frère toujours debout. Elle n’avait strictement aucune idée des raisons de son frère et avait hâte d’entendre ses explications. Mais le moment n’était pas approprié.

Son attention se reporta donc de nouveau sur son époux qui venait de reprendre le testament pour lui énoncer le premier point avec lequel il n'était pas d'accord.


"J'entend parfaitement votre décision et puisque Samuele désapprouve également ce choix je me plierai à ce changement. Et contrairement à ce que vous semblez penser, j'ai du respect pour vous et je sais pertinemment que vos choix auront le même intérêt que les miens concernant l'enfant. Ne prétendez pas le contraire." ajouta-t-elle.

Quand Elio parla des romans à la mode qu'elle lisait, Bianca ne put retenir un soupir las. Ne pouvait-il donc pas donner son avis sans la rabaisser ? Etait-ce trop demander ? Elle se sentait fatiguée, épuisée de devoir lutter moralement contre ce genre de paroles. Cependant, elle ne pouvait adhérer totalement à sa décision.


"Je souhaiterais tout de même que notre enfant se rende à Naples au moins une fois dans l'année. Nous pourrions alterner les visites de mes parents ici avec celles de notre enfant là-bas, qu'en dites-vous ?" proposa-t-elle, approuvant les paroles de son frère d’un signe de tête concernant la curiosité de l’enfant à venir pour un voyage.

Son appréhension monta encore d'un cran alors qu'elle sentait approcher les prochains points délicats de désaccord...
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleSam 1 Déc - 1:16

Elio était resté immobile, offrant à l'opposition des Grazziano réunis un visage impassible. Ses doigts, même, posés sur le bois sculpté des accoudoirs ne tapotaient plus le rythme de son impatience. D'un battement de cils, il balaya les arguments et les détails, les reproches de Bianca et les remarques de Samuele. Tout ceci était sans importance à ses yeux.

"Nous verrons en temps et heure, suivant l'évolution de la situation entre nos familles, s'il y a lieu ou non pour l'enfant de visiter Naples. Ceci n'est pas, pour l'instant, envisageable."

Le ton froid n'admettait pas de réplique. Le Prince reprit la lecture du document et son regard tomba sur une phrase qui l'avait heurté plus que les autres.

"Savez-vous Bianca, que la seule raison qui puisse être donnée pour qu'en cas de malheur vous soyez inhumée auprès de votre famille, serait que vous ne soyez pas mon épouse ? Ni l'épouse de personne d'ailleurs ? Souhaitez-vous l'annulation de ce mariage ? Je crains que dans votre état cela ne soit pas chose aisée, aussi nous passerons rapidement sur ce souhait que j'estime particulièrement désobligeant. Venons-en à l'éducation."

La voix d'Elio s'adoucit, il savait le sujet sensible.

"Vous souhaitez que l'enfant ne soit pas éloigné de sa famille. Je comprends ce sentiment, les mères souhaitent souvent veiller elles-même à choisir les précepteurs et l'entourage de leur progéniture. Je ne pense pas non plus qu'il faille abuser des pensions et autres couvents. Cependant, ils ont une fonction précise qui ne vise pas seulement à l'apprentissage de la lecture ou des sciences. Ils sont le creuset des relations futures. C'est là que se noueront les liens nécessaires au futur Prince de cette Maison. Et vous n'êtes pas sans savoir l'importance des alliés de longue date. De ce fait, l'héritier Adorasti sera envoyé en pension. Et s'il s'agit d'une fille, elle sera envoyée au couvent pour les mêmes raisons. Mais ne vous torturez pas, il n'est pas dans mes intentions de vous arracher votre nourrisson pour le précipiter aussitôt dans un monde hostile. Nous en parlerons et déciderons ensemble du moment le plus opportun lorsque sa petite enfance sera passée."
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Samuele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleDim 2 Déc - 23:52

Les doigts de Samuele dansaient machinalement sur sa joue, alors qu'il écoutait d'une oreille attentive l'échange entre Bianca et son époux. Il devenait de plus en plus délicat d'intervenir, puisque certains problèmes ne le concernaient que peu, voire pas du tout, et le forçaient par conséquent à adopter un état de passivité qu'il était loin d'apprécier. De plus, il ne souhaitait pas abuser des remarques lâchées par-ci par-là, parfaitement conscient que cela pouvait entraîner une perte de patience chez ses deux interlocuteurs ; or, il gardait loin de lui l'idée de causer le moindre mal à sa soeur, même s'il ne s'était pas montré des plus doux jusque-là. A cette pensée, il adressa un sourire à Bianca, bienveillant, satisfait de la voir ainsi mener sa lutte.
Il se redressa dans son fauteuil, ses bras et ses jambes se croisant dans un même mouvement. Seul l'apprentissage de l'enfant avait retenu son attention, tout simplement parce qu'il savait pertinemment combien Bianca avait souffert d'avoir été éloignée de sa famille. Cela ne l'avait pourtant pas empêché de nouer des liens solides avec elle.

« Couvent ou pension, aucun n'est une prison, Bianca. Tu pourras sans le moindre problème éviter un sentiment de solitude à ton enfant en restant régulière dans tes visites. »

En clair, ne pas adopter le même comportement que leurs propres parents. Son père, en particulier, n'avait vu que l'éducation sans penser au reste, ou presque pas. Encore et toujours ces valeurs qui franchissaient aisément le seuil du ridicule avec un homme tel que lui, homme qu'il n'approuvait pas et qu'il n'approuverait probablement jamais.
Il n'y avait ici plus qu'à espérer de la part d'Elio. Tout dans ses paroles affirmait qu'il ne serait pas le même genre de père que le leur.
Le sourire de Samuele s'élargit, alors qu'il reprenait :


« Et n'oublie surtout pas qu'il reviendra à chaque fin de semaine. Je suis certain que tu sauras l'apaiser, de manière à ce que, même éloigné, il se sente proche de sa famille. »
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Bianca Grazziano Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleMar 4 Déc - 17:46

"Nous verrons en temps et heure ?" ne put-elle s'empêcher de s'exclamer.

"Elio, avez-vous donc compris qu'il s'agit là d'un testament et que par conséquent, il permet d'établir à l'avance certaines décisions qui peut-être ne pourront être prises à l'avenir ? Quel est l'intérêt d'écrire ses volontés si c'est pour s'entendre dire "nous verrons cela plus tard" ?".

L'absurdité de la réflexion n'avait pu lui faire contenir ce brusque commentaire. Pourquoi diable lui avait-on donné un époux aussi peu compréhensif ? Respirant profondément, Bianca s'efforça de refouler l'élan de colère et de révolte qui tentaient sournoisement de lui faire perdre contenance. Le sujet était tellement sensible qu'elle sentait les cheveux de sa nuque se hérisser à chaque parole prononcée.

"Notre enfant visitera Naples dès qu'il en aura l'âge et l'envie." trancha-t-elle.

Lorsque le sujet en vint à son enterrement, la princesse en profita pour se calmer. Ce qui la concernait la rendait moins offensive que lorsqu'il s'agissait de son enfant. Bianca n'avait qu'une envie, que cette entrevue se termine rapidement et qu'elle prenne l'air aux jardins, loin des querelles et des décisions désagréables. Aussi, elle balaya la décision de son époux d'un geste impatient de la main.


"Très bien, oublions ce point." dit-elle tandis qu'Elio abordait l'éducation de l'héritier.

Comme il fallait s'y attendre, Elio s'opposait à son idée ce qui ne manqua pas de la contrarier. Cependant, elle l'écouta jusqu'à la fin sans l'interrompre, prenant en considération ses explications indulgentes. Le point qu'il souleva sur les relations qu'il était possible d'établir au couvent ou en pension la fit réfléchir. Il fallait avouer qu'elle-même s'était liée d'amitié avec d'autres jeunes filles de son âge et cela avait été appréciable. Mais la souffrance qu'elle avait ressentie à cette époque avait occulté les bons côtés.

Bianca ne répondit rien car aucune réponse ne s'imposait à son esprit face aux avis, une nouvelle fois, conjugués de son époux et de son frère. Fatiguée, elle se contenta de frotter nerveusement son front du bout des doigts, attendant avec appréhension qu'Elio passe au dernier point, et pas des moindres.


*Qu'on en finisse...* pensa-t-elle tandis qu'elle sentait ses mains moites et une chaleur désagréable dans son dos.

Se rappelant d'un dernier point qu'ils n'avaient pas encore abordé ensemble, Bianca en profita pour poser la question à son époux. Elle connaissait quelques prénoms qui lui plaisaient bien mais rien n'était réellement fixé dans sa tête, aussi, elle était ouverte aux propositions de son époux.

"Ah, puisque nous sommes au sujet de l'héritier, avez-vous un prénom qui vous tiens plus à coeur qu'un autre et que vous aimeriez donner à votre enfant, Elio ? Je sais que les enfants ne sont pas baptisés avant deux ou trois mois mais... enfin, toujours dans la probabilité où je ne survivrai pas à mes couches.. j'aurais aimé savoir quel serait le prénom.. que l'on aurait choisi..." dit-elle en hésitant un peu sur les mots. La perspective que son enfant soit mort né ou pas assez résistant pour survivre était terriblement difficile à admettre et plus pénible encore à envisager que son propre décès.

La vision subite du visage de Maître Barozzi lui annonçant la triste nouvelle s'imposa à son esprit avec une violence insupportable. Bianca eut un hoquet et ses yeux se fixèrent sur le mur en face d'elle. Une inspiration rapide, les lèvres légèrement entrouvertes, la princesse posa instinctivement une main sur son ventre.


*Oh non...pas maintenant...*

Si elle avait eu du mal à saisir son état quelques mois plus tôt, elle ne mit que quelques secondes à comprendre ce qui lui arrivait. Bianca ferma les yeux et serra les paupières. Baissant la tête elle articula clairement mais sans agitation.

"Je crois que nous devrons reporter cette discussion à plus tard... S'il vous plaît... faites venir Maître Barrozi, Samuele, aide-moi à me relever je te prie." dit-elle fermement, mais le teint pâle et la sueur perlant à son front.

[La Chambre de Bianca]
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleSam 8 Déc - 1:33

Elio avait connu de nombreuses femmes. Des anglaises rougissantes au charme faussement innocent, des françaises aux mots choisis, empoisonnés d'acide, des allemandes au regard plein de hauteur, des orientales aux parfums narcotiques qui s'allanguissaient sur de chatoyants coussins, des italiennes au rire en cascade prêtes à céder à tous les caprices pour peu que ce soit par jeu. Il en avait connu de volubiles et de muettes, de joyeuses et de mystérieuses, de colériques et de délicieusement perverses. Mais quelque soit la personnalité de chacune, toutes ces femmes étaient conscientes de leur pouvoir, toutes savaient quel moment, quels mots choisir.

Toutes. Sauf la sienne.
Et cela ne lassait pas de l'étonner.
Personne ne l'avait-il donc éduquée ? Aucun Pygmalion ne s'était-il jamais penché sur elle ?
Le prince n'était pas de ceux qui s'apitoient. Cependant, voir la jeune femme tenter de tenir tête sans le soutien même de son frère qu'elle avait dû espérer à ses côtés, la regarder se débattre maladroitement pour ne pas perdre la face, lui rappela combien elle était jeune.
Soudain il sentit la colère le gagner. Pas contre Bianca, non, qui s'accrochait à ses désirs de petite fille. Mais contre sa famille qui l'avait livrée à un époux sans les armes nécessaires.
Puisqu'il en était ainsi, il s'occuperait lui-même de faire réparer cette lacune insoutenable et il savait déjà qui l'y aiderait.

A côté de la tache à mener à bien qui se profilait, la question du prénom de l'enfant lui apparut sans importance.
Etonnemment, il ne croyait pas que la jeune femme succomberait à ses couches. Cela était commun pourtant. Mais cette crainte lui semblait hors de propos. Bianca était bien portante et Maître Barrozi ne la trouvait pas affaiblie. Elle survivrait. Quant à l'enfant..

"Vous choisirez vous-même le prénom que vous souhaiterez donner à votre premier né, Bianca, je ne vous retirerai pas cet honneur."

Et puis soudain, il sembla que le temps s'accélérait.
Bianca palissait et une lueur de panique passa dans le regard bleu-vert.
Il lui sut gré de la maitrise dont elle fit preuve alors que son front se couvrait de sueur et qu'elle fermait les yeux.
Le prince se leva d'un bond et sa main accrocha le cordon de tapisserie près de la fenêtre qu'il referma presque du même mouvement. Il donna les trois coups secs que toute la maison connaissait comme son appel et à peine était-il revenu près de son épouse qu'un valet surgissait auquel il donna l'ordre de fouiller la ville et de ramener le médecin sans attendre.
D'un coup d'oeil, le serviteur jaugea la situation et s'empressa de prévenir les femmes de chambre qui, aussitôt s'employèrent à installer le lit de la parturiente.
Samuele, déjà avait aidé sa soeur à se redresser.

Elio ouvrit les portes de la chambre pour laisser passer le couple et ne s'avança que d'un pas
.

"Madame, vos femmes vont s'occuper de tout, nous resterons ici pour être à portée. N'ayez aucune crainte.." Il hésita un peu, réconforter n'était pas un de ses points forts, mais au timbre de sa voix, on sentait qu'il y mettait toute la volonté du monde." Je suis bien persuadé que tout ira pour le mieux.. et.. quelque soit le sexe de l'enfant, sachez qu'il sera bien accueilli."


Dernière édition par le Sam 8 Déc - 6:30, édité 1 fois
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Samuele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleSam 8 Déc - 2:37

Les paroles de Samuele n'avaient visiblement pas apaisé sa soeur. Quel dommage. Et cela allait toujours plus loin. Les secondes défilaient, aussi vite que cette angoisse sourde qu'il ressentait désormais parfaitement au plus profond de lui-même. Sans sourciller, le Prince observa Bianca, son teint, son front, tout ce qui fit que, la seconde d'après, il s'était déjà redressé et précipité vers la jeune femme afin de lui assurer un solide appui.
Sans tarder, il sortit un mouchoir de son justaucorps et tamponna délicatement le front de Bianca, alors que les femmes de chambre arrivaient :


« Plus tard, oui. Tout se passera pour le mieux. »

Il l'aida à traverser le salon pour gagner sa chambre, et n'accepta de la lâcher que lorsqu'elle fut correctement installée sur le lit. Les mains, cependant, restaient prévenantes :

« Je viendrai te voir dès que possible, il eut un regard en direction d'Elio, ton époux et moi attendrons patiemment la naissance de l'enfant. »

Il jaugea les serviteurs, puis se recula presqu'à contre-coeur, adressant une dernière parole à la jeune femme :

« Sois courageuse, Bianca. »

Il s'inclina légèrement et tourna les talons, se dirigeant vers la porte qu'il referma sur lui et Elio. Il eut un sourire malgré la situation, doutant que cette vision ne rassure sa pauvre soeur. Ses yeux se fermèrent un instant, la main toujours posée sur le panneau de la porte et, inspirant profondément, les rouvrit sur le Prince qui lui faisait face :

« Eh bien. L'hésitation qui s'est ressentie dans vos dernières paroles était tout à fait charmante, Monsieur mon Beau-Frère. Il est certain qu'elles sauront davantage réconforter Bianca que n'importe quelles piques que vous lui avez si galamment envoyées jusque-là. »

Provocation ? Peut-être. Mais il notait également une évidence : Elio, tout comme Bianca, était jeune. Amusant comme celui-ci l'avait réconfortée, amusant comme un regard pouvait changer, amusant comme l'assurance pouvait malicieusement s'échapper...
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleSam 8 Déc - 6:25

"Des piques, Monsieur ? Vous m'avez sans doute mal compris, ou mal écouté. Il semble que l'éducation de votre soeur ait été pour le moins négligée, et étant son époux, il me revient le devoir de réparer cela. La manière dont je m'y prends, qu'elle soit ou non celle dont vous useriez, ne regarde que moi."

Le ton était charmant et l'attitude désinvolte tandis qu'il se penchait vers une petite console sur laquelle on venait de déposer un plateau à sa demande.

"Appréciez-vous le vin de Chypre ?"

Il se redressa, tenant entre ses doigts le pied fin d'un verre de cristal. Il prit plaisir un instant à la contemplation du breuvage couleur grenat, puis avec un sourire, le tendit à Samuele.
L'inquiétude qu'il avait ressenti au malaise de Bianca avait disparu aussitôt que la jeune femme avait quitté la pièce.
Non que l'émotion ne soit plus présente, mais ne plus être spectateur impuissant de sa souffrance lui ôtait un grand poids.
Il n'avait jamais pensé pouvoir être touché par le fait de devenir père. Cette notion lui était trop lointaine pour qu'il s'en soucie. Et cela survenait brutalement, quelques semaines à peine pour se préparer, pour parer à toute éventualité.
Car si Bianca avait de son côté mis par écrit ses quelques souhaits, il avait quant à lui, pris toutes les dispositions concernant l'avenir de l'enfant, de son épouse et de la Ca'Adorasti. S'il venait à disparaitre à présent, Bianca recevrait l'aide qu'il faudrait de la part de plusieurs personnes de confiance, banquiers et hommes de loi mandatés pour assurer sa sécurité et son bien-être
.

"Je ne considère pas devoir conforter mon épouse dans ses errances. Ce que votre famille n'a pas jugé bon de lui apprendre avant de la pousser hors du nid lui sera enseigné ici. Et si je dois être ferme pour endurcir la petite fille qu'elle est encore, je le serai."

Un sourire moqueur vint jouer sur ses lèvres.

"Je ne suis pas insensible, mon but n'est pas de faire souffrir votre soeur inutilement. Votre soutien lui est précieux, mais ne vous trompez pas de coupable. Je souhaite une épouse qui tienne son rang et ne prête pas le flanc aux rumeurs ainsi qu'elle le fait actuellement. Vous lui seriez d'un grand secours en me venant en aide dans cette tache que votre famille a jusque là méprisé."

Il ne précisa pas que s'opposer à sa façon de mener sa Maison était inutile, cela était implicite. Il n'ajouta pas non plus qu'il était déplacé de s'immiscer dans les affaires conjugales d'autrui, la bienséance semblant une notion assez peu enseignée au sein de la famille Grazziano.
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleSam 8 Déc - 14:53

Éducation négligée, hein ? Il était vrai, Samuele lui-même ne l'avait pas nié précédemment. Qu'en serait-il aujourd'hui s'il n'avait pas été forcé à la dissimulation durant toutes ces années ? S'il avait pu influencer sa soeur d'une autre façon ? Il l'imagina volontiers et une indicible excitation gagna ses yeux. Rien n'était perdu, même pour une femme aussi pure et sensible que Bianca.
Lentement, il s'avança vers Elio et saisit avec précaution le verre qu'il lui tendait pour l'élever à la hauteur de son regard. Tout comme lui, il en apprécia la robe un instant et finit par en humer l'odeur, soufflant par la même occasion :

« Je vous remercie. »

Samuele tourna lestement sur lui-même afin de regagner son siège, tout en déclarant d'une voix claire où transperçait une joyeuse moquerie :

« Et je lève mon verre à Bianca, à votre futur-enfant, ainsi qu'à l'éducation parfaite que vous saurez leur donner à tout deux. »

Il retomba souplement dans le fauteuil et porta le verre de vin à ses lèvres, ne quittant pas son interlocuteur des yeux.

« Quant à savoir si je vous y aiderai... », un faible rire secoua ses épaules, alors que les subtiles nuances du vin, par une petite gorgée, envahissaient sa bouche, et enfin sa gorge, « ... cela ne fait aucun doute. C'est justement la raison pour laquelle je suis venu voir Bianca aujourd'hui, moment opportun ou non, afin qu'elle réalise pleinement quelle est sa place au sein de Venise. Mais vous devez savoir comme moi qu'elle est loin d'en être inconsciente, n'est-ce pas ? »

Ses doigts glissaient calmement sur le bras du fauteuil, marquant le tissu de petites arabesques.

« Oh bien sûr, vous connaissez certainement l'entourage qui lui permettra l'épanouissement, aussi n'interviendrais-je dans aucune de vos affaires, mais croyez-bien Monsieur que si Bianca venait à me formuler le moindre souhait, je ferais, dès lors que j'aurais jugé celui-ci raisonnable, absolument tout pour l'exaucer. »

Raisonnable. Il faillit rire de nouveau en pensant au testament de sa soeur. Ce mot était le moyen d'assurer à Elio qu'il savait discerner un souhait à l'encontre des pratiques usuelles d'un souhait qui pourrait, quant à lui, être seulement à l'encontre du désir de l'époux.
Au même instant, une porte claqua et Samuele jeta un coup d'oeil sur celle restée fermée qui les séparaient de Bianca. Le médecin, sans doute, du moins l'espérait-il. L'oreille plus attentive que jamais, il but une nouvelle gorgée de son verre et reprit :


« Mais soit, passons le sujet. Parlons plutôt... du bal. », le regard miel se fit plus insistant, plusieurs images lui revenaient ; une servante tout à fait insouciante, ainsi que l'inquiétude d'une soeur. Le Prince, blessé ? Les yeux de Samuele glissèrent sur le pourpoint d'Elio, sans s'y attarder, « Vous étiez absent, il me semble ? Autrement, je pense que je vous aurais remarqué sans trop de difficulté. »
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleDim 9 Déc - 0:35

Elio, qui s'était appuyé à l'embrasure de la fenêtre, leva son verre à son tour mais n'y trempa pas les lèvres. De sa place, il pouvait à la fois faire face à son interlocuteur et surveiller la porte qui communiquait avec la chambre. Rien d'inquiétant ne leur parvenait, qu'un écho de voix et de pas pressés, mais il ne pouvait empêcher une sourde appréhension de l'étreindre. Combien de temps cela allait-il durer ? Il n'était pas sans savoir que certaines femmes attendaient pendant de longues heures leur délivrance. De longues heures qu'il allait devoir passer, réjouissante perspective, en compagnie de son beau-frère.

Il observa un instant Samuele assis à quelques pas. Il n'avait pas souvenir d'une telle assurance, le prince qu'il avait rencontré auparavant ne lui avait laissé que le souvenir flou d'une personnalité sans substance. Rien qui puisse s'apparenter à l'homme détendu au regard de miel dans lequel brillait une lueur malicieuse.

"Un bal ? Je ne vois.."

Elio dut faire un effort pour comprendre de quoi il s'agissait. L'étonnement qui se lut dans son regard n'eut rien feint et un sourire en demi-teinte joua sur ses lèvres.

"Faites-vous référence à cette soirée du mois dernier qui fut donnée au Castello ?" Il eut une moue. "Je n'y étais pas, en effet. Je fréquente assez peu ce genre de divertissements. Mais je ne doute pas que vous vous soyez beaucoup amusé à la proximité des boutiquières et gens de maison."

Avait-il fixé son pourpoint l'espace d'une seconde ? De quoi le Grazziano était-il informé ? S'il possédait un service de renseignement aussi efficace que le sien, il savait sans doute le fin mot de l'histoire. Mais le moment était mal choisi pour lancer une quelconque ligne. Il eut un sourire affable, bien que son regard resta froid et aborda un sujet plus léger.

"J'ai cru comprendre que votre fiancée était arrivée de Naples, vous devez vous féliciter de sa présence. Bianca était ravie à l'idée de la recevoir, malheureusement les circonstances font que cela sera sans doute retardé."
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Samuele di Grazziano
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleDim 9 Déc - 3:19

Samuele arqua légèrement un sourcil. Elio ne voyait pas ? S'était-il mal exprimé ou bien ?
Il se plut cependant à intercepter chaque expression de son interlocuteur, une puissante accroche, peut-être dans le visage ou tout simplement l'être dans sa totalité, qui le poussait à ne plus s'en détourner. Attentif, il lui arriva d'accueillir les mots d'un sourire, animé par l'amusement qu'il ne cherchait pas à cacher. Ses doigts, qui dessinaient toujours, s'agitèrent davantage sur le bras du fauteuil. A bien y réfléchir, il voyait en effet mal cet homme se mêler à n'importe qui. Quant à lui, l'événement l'avait irrésistiblement attiré pour une raison bien précise : l'absence totale des notions. Certains l'avaient frôlé, bousculé, sans savoir qui il était, bercés par la douce ivresse qu'avaient pu leur offrir quelques verres de vin. Une soirée chargée autant de vulgarités que de richesses. Combien avait-ils appris de choses, depuis ? Tellement ! Futiles ou alléchantes. Dans la seconde catégorie se trouvait bien entendu cette adorable servante. Avec elle, Samuele s'était abandonné aux joies que lui offraient souvent l'exquise insouciance des petites gens, aussi se fit-il violence pour ne laisser échapper aucun rire lorsqu'Elio évoqua précisément la proximité de la populace vénitienne :


« Vous avez deviné, Monsieur. « Beaucoup » serait peut-être même trop faible, et je pense ici à ce que peuvent apporter les gens de maison. »

Indice par-ci, indice par-là. Samuele restait indéniablement un joueur. Plusieurs signes qu'il aimait disséminer un peu partout, que d'abord l'on ne retenait pas forcément, puis qui ressurgissaient subitement, telle une évidence, lorsque l'on souhaitait restituer à une situation sa clarté. Pour lui-même, ses paroles étaient lourdes de sens, mais pour Elio ? Insignifiantes ? Douteuses ? Il les avait, en tout cas, prononcées l'air de rien, comme il en avait l'habitude.

A la fois déçu et satisfait, il accepta le changement de sujet sans rien montrer de sa pensée.
Samuele avait brièvement parlé de sa fiancée à Bianca, qui l'avait rejoint à Venise peu après sa propre installation.

« Oui, je me réjouis de l'arrivée d'Azaria. Bianca aura tout le loisir de la recevoir prochainement, j'en suis certain. Et inversement. Ma fiancée profitera du temps dont elle dispose pour poser ses marques sur cette terre tout à fait nouvelle pour elle, vous savez comme cela est important. »

Et elle nourrissait déjà bon nombre de conversations. Plusieurs n'étaient pas sans savoir l'âge de Samuele, on attendait de ce fait l'épouse. Mais le Prince n'avait pris qu'une fiancée. Par prudence ou par jeu ?

« Je pense qu'elle arrivera rapidement à se plonger dans l'esprit de Venise, et à en apprécier toutes les nuances. Elle a au moins eu la chance d'avoir été présentée à cette ville sous un meilleur jour que nous. »

Samuele s'interrompit, comme pris dans une subite réflexion. Ses yeux étaient toujours fixés sur Elio, mais perdus sur un point particulier, peut-être la joue, ou bien était-ce un peu plus haut, un peu plus bas... Il finit néanmoins par murmurer, l'air pensif :

« Je me demande d'ores et déjà quelle sera sa réaction face aux divers changements que peut entraîner une cité telle que Venise. »
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleMar 11 Déc - 8:24

Si Elio apprécia modérément la réflexion de l'héritier Grazziano, il n'en laissa rien paraître. Le sourire poli qu'il affichait ne faiblit pas alors que l'homme faisait l'éloge de la proximité des domestiques. Il n'eut pas un frémissement tandis qu'il se refusait à comprendre les allusions déplacées de Samuele. Le prince n'était pas sans savoir que nombre de liaisons ancillaires se faisaient et se défaisaient au rythme lent des changements de personnel et s'il s'était toujours refusé à évoquer la chose, il savait l'attirance de certains de ses contemporains pour ce genre de plaisirs.
Que le Grazziano en soit adepte lui était indifférent, qu'il en fasse état de façon si peu détournée lui donnait à penser qu'il s'agissait sans doute d'autre chose.
Les gens de maison étaient bavards. Plus par vantardise que par volonté de nuire. Peu de femmes de chambre résistaient au plaisir de se faire valoir en racontant avec force détails, inventés ou embellis, les amours de leur maitresse, de même il n'y avait pas un valet qui ne s'enorgueillisse de tout savoir des affaires ceux qu'il servait. La surenchère des révélations était chose commune, il fallait impressionner pour forcer le respect. Et si l'oreille était compréhensive, si l'information était considérée comme précieuse et monnayable, alors il ne fallait pas longtemps pour que le plaisir de la fanfaronnade ne se transforme en trahison en règle.

Les doigts de Samuele jouant sur le velours, l'amusement dans les yeux de miel, tout montrait que le Grazziano prenait plaisir à la conversation. Elio aurait voulu ressentir la même détente, mais les cris qui se faisaient entendre depuis la chambre de Bianca, les bruits de pas précipités et l'agitation des servantes, ne lui en laissaient pas le loisir.

Depuis combien de temps tout ceci avait-il commencé ? A quel moment la tension s'était-elle amplifiée ? Il n'aurait su le dire. Un rapide coup d'oeil sur la pendulette posée sur la cheminée et son front lisse se barra d'une ride, le temps s'écoulait à une vitesse surprenante.
Il reposa son verre un peu brusquement, le vin qu'il n'avait pas touché oscilla dangereusement. Il fit quelques pas dans la pièce, incapable de rester immobile plus longtemps
.

"Il semble que la délivrance soit proche. J'aurais apprécié qu'on vienne nous tenir au courant de l'avancée des choses."

Que disait l'homme assis en face de lui ? Sa fiancée ? Oui bien sûr, il avait lui-même posé la question et n'avait pas écouté un mot de la réponse. Une phrase l'interpella et l'empêcha d'aller d'autorité ouvrir les portes de la chambre pour faire cesser l'insupportable l'attente. Il inclina la tête, les yeux allumés d'une flamme dansante et la voix basse au timbre velouté prit un accent amusé.

"Venise est faite de nuances en effet, mais quelle ville ne l'est pas ? J'aime cette cité, j'y suis chez moi voyez-vous, ses lumières comme ses ténèbres me conviennent. J'étais au fait de ce que j'y trouverais, cela m'a été et m'est toujours un plaisir."

Le sourire revint qui étira le regard d'ambre
.

"Vous me voyez bien désolé de la déception qui semble avoir été la vôtre. On ne présente bien que ce que l'on sait apprécier, sans doute s'est-on moqué de ce que Venise vous convienne ou non.. Mais le monde est vaste, n'est-ce pas, vous visiterez sans doute d'autres lieux qui ne vous décevront pas."
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleVen 14 Déc - 2:38

Samuele, qui s'était égaré sur le visage de son interlocuteur, revint subitement à lui, sans signe apparent de sa léthargie, à part peut-être un retour direct de son regard dans celui d'Elio. Celui-ci ne l'avait pas vraiment écouté, semblait-il, et loin de s'en offusquer, le Prince eut un faible sourire. Il épiait tout ce qui pouvait traduire de l'inquiétude chez son interlocuteur, alors que des cris interminables s'élevaient de la chambre de Bianca. Lui aussi avait fini par se demander quand tout cela prendrait fin.
Alors que son beau-frère lui parlait, les doigts de Samuele cessèrent étonnement de bouger, et après l'avoir fixé, interdit, but les dernières gouttes de vin.

« Sans doute, oui. »

Sur ces mots, l'homme se leva et posa son verre sur un guéridon. Il ne s'était pas attardé sur une réponse inutile simplement pour réfléchir à autre chose, observant donc un long silence, ponctué par les cris de sa soeur qui lui devenaient de plus en plus désagréables.

« Vous savez... », encore un silence. Il hésitait visiblement et ses yeux plissés ne cherchaient plus Elio désormais. « ... nous avons tous deux été bercés dans une haine que l'on peine à s'expliquer aujourd'hui. Je me trompe ? Elle semble d'ailleurs faire la joie d'un bon nombre de personnes. Je n'ai pas dans l'idée de donner à cette conversation le ton de la confidence, mais j'aimerais que les choses restent claires entre nous... », il s'interrompit afin de s'assurer qu'Elio l'écoutait, et une fois fait, croisa les bras, un sourire jouant sur ses lèvres, « Cette haine que beaucoup se sont plus à nous faire partager n'est pour moi qu'une vulgaire comédie, et je ne rechigne pas à la jouer. Je vous hais, vous me haïssez. Cependant, je ne pourrais nier que j'accorde une grande importance à l'envers du décor, et de ce fait, me trouvant là et ne remarquant chez vous rien qui pourrait susciter le moindre sentiment hostile, je me plais à croire qu'il faudrait bien prendre en considération l'envie que j'ai de vous connaître davantage. »

Long, trop long. Il faillit rire. Pourquoi ne pas conclure en quelques mots ?

« Vous conviendrez qu'il existe de bons et de mauvais ennemis, et que je n'hésiterais pas une seule seconde s'il m'était possible d'entretenir avec vous la première de ces relations. »

Jouer la comédie et honorer son public. Puis se jouer de ce même public sans se compromettre. Le projet était clair.

« Mais pour l'heure, félicitations, Monsieur mon Beau-Frère. Entendez-vous ces nouveaux cris ? »

Une agitation différente, l'enfant vivait, mais la mère ? Samuele consulta la pendulette ; attendre encore, qu'on vienne les chercher.
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Elio Lacryma Adorasti
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleMer 2 Jan - 3:17

Elio, qui avait écouté le Grazziano avec attention, ne se départit pas de son sourire. Et même, il se fit plus doux. Quiconque le connaissait savait la douceur de ce sourire trompeuse et s'en méfiait comme de la peste. Cependant, le timbre de la voix ne se fit pas plus acide et resta aussi velouté qu'auparavant.

"Vous me haïssez, Monsieur ? Je suis bien navré de l'apprendre, vraiment."

Il se tut un instant puis reprit, un rien de reproche dans le ton
.

"Mais plus que navré, vous me voyez extrêmement surpris de vous entendre évoquer la mésentente de nos familles en ce moment qui se voudrait à l'opposé d'un tel sentiment. Ne sommes-nous pas sur le point de fêter leur réunion ? A moins bien sûr que vous n'envisagiez de reporter votre détestation sur l'enfant à naître.. Ce qui ne manquerait pas de ravir votre soeur, j'en suis certain."

Les cris provenant de la chambre s'étaient amplifiés, rendant la discussion malaisée. Et puis il y eut une accalmie et Elio, le visage soudain tourné vers la porte crispa les poings si fort que ses articulations blanchirent. Rien n'était normal dans ce silence emprunt de tension. Puis un son éclata qui emplit la pièce et brisa l'éprouvante attente.
Oui l'enfant vivait comme venait de le faire observer le Grazziano. Il n'eut pas le temps de se préoccuper de la santé de Bianca que déjà les portes s'ouvraient sur Lucrezia qui s'inclinait, le sourire aux lèvres, les enjoignant à aller saluer la mère et l'enfant
.

Elio se retourna avant de franchir le seuil et son regard étincelant plongea dans les yeux de miel
.

"Votre famille a-t-elle réellement oublié l'origine de ce qui nous oppose ? Comme cela est regrettable.. Il est certaines choses dont il est bon de se souvenir."

[Chambre de Bianca]
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MessageSujet: Re: Le Petit Salon Privé   Le Petit Salon Privé - Page 3 PerleJeu 3 Jan - 0:37

Attendre. Et Samuele observait toujours. Contrariété, indifférence, amusement ? Rien de tout cela, simplement ce sourire qu’Elio arborait encore. Il eut pour effet non pas de faire sourire Samuele à son tour, mais de lui rendre un visage fermé ; cependant, il ne chercha pas à se détourner malgré ce changement flagrant.

« A peine né, votre enfant doit déjà avoir au-dessus de lui la malveillance de bon nombre de personnes, ceci sans qu’il ne puisse le soupçonner. Aussi est-il inutile d’y ajouter la mienne, n’est-ce pas … »

Se redressant, le Prince, tout en restant légèrement en retrait, salua la jeune femme qui venait d’entrer. Il reconnut sans peine la dame d’honneur de Bianca, dont il avait souvent eu l’occasion d’entendre parler. Bianca qui, d’ailleurs, était apparemment prête à recevoir. Samuele resta un moment interdit, jusqu’à ce qu’Elio lui accorde de nouveau son attention. Sans se préoccuper de Lucrezia et des mots qu’elle pourrait retenir, le Prince remarqua :

« Allons, allons… Je ne pense pas que ma famille soit devenue ignorante au fil des années, mais… S’il faut se souvenir de certaines choses, il est tout aussi bon de pouvoir les oublier provisoirement. Et plus précisément cette haine que nous sommes censés partager, pour… qu’avez-vous dit, déjà ? Fêter l’union de nos familles. Par ailleurs, pardonnez-moi de vous avoir – désagréablement – surpris en abordant ce sujet ô combien délicat.»

Oui, il venait de jouer sur les mots, mais aucune expression particulière ne vint le trahir. Le sujet clos, il s’engagea à la suite d’Elio dans la chambre de Bianca.

[Chambre de Bianca]
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