VENISE
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 La Salle d'Armes

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Mila Scarlatti
Pourpre
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Pourpre
Du Bout des Doigts
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MessageSujet: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleLun 27 Nov - 23:15

...
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Mila Scarlatti
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleSam 17 Nov - 19:33

Premier post du Jeudi 5 Mars 1744

Le regard songeur de Mila rebondissait de coin en coin… : les grandes fenêtres qui se déployaient du sol au plafond, et qui offraient une vue exceptionnelle des jardins de la ca’Grazziano, les immenses miroirs qui couvraient toute un pan de mur et qui permettaient aux élèves d’observer leurs gestes et de les corriger, le parquet de bois foncé qui ronronnait sous chacun de ses pas, le silence profond, presque enivrant, l’odeur douce et fruitée qui taquinait les narines….Enchantement !

Mila soupira de délectation. Ici, elle se sentait libre, apaisée. D’ailleurs son aura semblait avoir percé l’atmosphère des lieux qui en dévoilaient bien plus sur le Maître d’armes que tous les mots qu’elle aurait pu prononcer. Il suffisait de pénétrer dans cette salle d’armes et de se saisir d’un fleuret pour découvrir tout ce qu’elle mettait un soin particulier à taire. Ici se révélait sa passion, mais aussi son autorité. Car ici, il n’y avait plus que celle qui enseigne face à ses élèves.
Ici, Mila ignorait les rangs et ne cédait rien.
Sourire…
Elle repensa à tous les objectifs qu’elle s’était fixée : amener les plus turbulents à maîtriser leur fougue, les plus téméraires à craindre le danger, le plus rêveur à se concentrer, les plus audacieux à se faire plus humbles, les plus hostiles à apprécier l’art du combat…Arriverait elle à satisfaire ne serait ce qu’un seul de ses buts ? Elle l’ignorait encore, mais il lui tardait de le découvrir, car l’escrime n’était pas qu’un jeu pour oisifs en quête de sensations, c’était aussi une leçon de vie.

Elle accrocha quelques pourpoints de cuir souples aux patères destinées à les accueillir, et se dirigea d’un pas félin jusqu’au bout de cette salle aux dimensions extravagantes. Elle s’arrêta face à une immense table de bois brut sur laquelle était disposées quantités d’armes : épées, sabres, dagues, fleurets, stylets, pistolets…Ses doigts experts repérèrent bien vite les lames émoussées et les isolèrent.

Mila redressa la tête quand le plancher craqua, lui annonçant qu’elle n’était plus seule. Elle détailla la silhouette, des pieds à la tête. La mise parfaite du personnage contrastait sévèrement avec ses manches qu’elle avait retroussées, le col de sa chemise qu’elle avait dégrafé et l’un des pans de sa trop longue jupe qu’elle avait emprisonné à sa ceinture afin de se mouvoir sans contrainte, sans oublier son épais chignon qui menaçait de s’écrouler sur ses épaules.


« Monsieur Scaligieri…Ou peut être devrais je vous nommer autrement ? »

Un léger sourire naquit au coin de ses lèvres alors que sa voix rauque se taisait. Evidemment qu’elle aurait du le nommer autrement. Petit jeu. Petite provocation. Il n’y avait qu’ainsi que les âmes se mettaient à nues, lorsqu’elles répliquaient aux attaques, ou lorsqu’elles se sentaient menacées.

« Auriez vous l’adresse d’un bon armurier à me conseiller ? Je ne voudrais pas mettre votre vie en danger avec des armes défectueuses…» poursuivit elle aussitôt afin de signifier à son interlocuteur que son jeu de cache-cache lui importait peu, et que seul ce qu’elle pourrait lui enseigner la préoccupait vraiment…
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Raffaele di Grazziano
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleDim 18 Nov - 1:25

Premier Post du Jeudi 5 Mars 1744

Désoeuvrement ? Curiosité ? Les pas de Raffaele l'avaient conduit à la salle d'armes. Les ragots de servantes plus qu'un peu offusquées lui étaient parvenus et l'avaient fait sourire. Une femme Maître d'armes. L'inconvenance de la chose le ravissait. Ce pouvait-il que Samuele finalement possèdât une once de fantaisie ?
Un sourire au lèvres, il s'était adossé nonchalamment à l'encadrement de la porte pour observer la jeune femme vaquer à ses occupations. Il s'était attendu à autre chose qu'à cette silhouette ravissante mise inconsciemment en valeur par la tenue de travail, chemise et culotte d'homme sous la jupe relevée, et en était agréablement surpris.

Et puis sa voix s'éleva, rauque, chaude et amusée, qui le poussa à se dégager du vantail pour faire quelques pas dans sa direction. Le soleil de la mi-journée, en entrant à flots par les hautes fenêtres faisait scintiller l'air et réveillait la teinte chaude des boiseries
.

La jeune femme leva la tête, délaissant sa tâche pour lui faire face
.

"Je crains, Madame, que la vie d'un homme mise entre vos mains ne soit de toute façon en danger. Et ce sans l'intervention d'aucune lame, ébréchée ou non."

D'un pas lent et sans la quitter du regard, il la contourna s'approchant dans le même temps de la longue table. Il retira ses gants et les déposa à côté d'un poignard à la garde ouvragée. Ses doigts fins glissèrent sur la lame, en éprouvant le fil du pouce.

"Pour ce qui est d'un armurier... je ne m'occupe pas de ces choses, l'intendant saura certainement vous conseiller l'un ou l'autre des fournisseurs de cette Maison."

Il se tourna à nouveau vers elle et, faisant tourner machinalement le poignard entre ses doigts, s'inclina, une lueur amusée dans le regard.

"Prince Raffaele di Grazziano."

Il ne donna aucune explication concernant l'identité sous laquelle elle l'avait précédemment croisé ; cela était non seulement inutile mais il ne voyait pas motif à se justifier auprès d'elle qui n'était, somme toute, qu'une employée de plus au service de sa Maison. Il se redressa, et reposa la dague sur la longue table de bois sombre. Il s'adossa à la table, les jambes croisées, dans une attitude désinvolte.

"Savez-vous que vous me rendez bien curieux ? Comment une jeune femme se trouve-t-elle occuper un poste que j'ai jusqu'ici vu réservé à de vieux briscards ou à d'anciens militaires ? Mon frère a-t-il perdu la tête ou possédez-vous une telle science de l'Art que la question de votre sexe ne se soit pas posée ? A moins bien sûr qu'il ne s'agisse.." Un sourire de chat étira ses lèvres et sa voix se fit plus douce. "... de tout autre chose ?"
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Mila Scarlatti
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleDim 18 Nov - 14:29

Audace, désinvolture, aplomb, et…charme…Mila haussa un sourcil intéressé alors que son regard profond se mêlait à celui de Raffaele.

« Nul péril ne saurait menacer votre vie en ces lieux. Mais vous avez raison…Aucune lame ne m’est nécessaire pour blesser. Une seule main suffirait pour cela…à condition de savoir où frapper. »

Sourire…Elle prit plaisir à ignorer la flatterie pour rebondir sur le seul sujet qui se devait d’être abordé ici : le maniement des armes, qu’elles soient de fer ou de chair.

Il s’approcha, et la contourna. Mila détailla la démarche. Lente, assurée. Sans le savoir, il venait de lui céder un premier indice : l’élève serait difficile à dompter. Délice.
Elle se tourna à son tour. Il ôtait ses gants. Second indice. Les doigts étaient trop fins. Mila mordilla sa lèvre inférieure. Il lui faudrait développer sa musculature afin que sa prise soit assez ferme pour ne jamais faiblir. Quant au soin apporté aux mains…Il lui faudrait apprendre à se salir, à oublier sa mise, à se délecter de cette larme de sueur qui taquine l’épéiste en plein exercice de son art.


Le pouce du Prince effleura la lame d’un poignard. Mila se raidit, et se raidit encore davantage quand elle vit ce même poignard bousculé entre ses mains.

Puis sa curiosité s’éveilla de nouveau quand il s’annonça comme on dégainerait son plus solide atout. Elle releva son regard jusqu’au sien, lentement. Un regard qui ne cille pas et qui ne plie pas devant le rang.


« Mila Scarlatti. Mais mon identité vous a déjà été déclinée.»

Elle s’inclina pour saluer l’homme et non le titre, et d’un geste nonchalant, elle éloigna le poignard qu'il venait de reposer.

« Prince, vous rencontrer est source de divertissement…et d’anxiété…Une simple maladresse peut s’avérer plus douloureuse qu’un adversaire qui gronde.»

Un sourire audacieux courba ses lèvres.

« Ne vous laissez pas distraire par les apparences. Quant à ce dont il pourrait s’agir…Je vous laisse libre du choix. A n’en point douter, votre jugement sera le bon, puisque… vous n’êtes assurément pas homme à fléchir sous le poids des rumeurs… »

Elle s’éloigna d’un pas et saisit un fleuret de bois fixé au mur, laissant vides les mains du Prince.

« Prenez place à présent Il me tarde de savoir si vos réflexes sont aussi aiguisés que votre langue. A moins que seule votre curiosité ne vous ait porté jusqu’à moi…? »

La lame de bois trancha l’air à plusieurs reprises.

« L’esquive, Monsieur, est la base de toute défense. Saurez vous éviter mes attaques ? »
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleLun 19 Nov - 21:53

La jeune femme ne répondait pas, elle éludait les questions avec grâce pour revenir à son art. Sans doute pensait-elle devoir lui offrir ses services. Etait-il venu pour cela ? Sans doute non, mais l'idée l'amusait. A quand remontait ses dernières leçons ? Il avait haï profondément Juan de la Renta, le maître d'armes espagnol de son père. Un homme dur, intransigeant dont le plat des lames laissaient sur la peau du prince encore enfant de larges traces rougies. Mais l'enfant avait grandi, ne craignait plus les coups depuis longtemps et choisissait désormais ses maîtres. Et c'était cela, sans doute, qui influançait la vision qu'il avait de la jeune femme qui s'était avancée vers lui.

"Vous vous trompez, Maître puisque c'est ainsi qu'il faut vous nommer, la rumeur me divertit et cela me plait, je ne m'en lasse jamais."

Il trouva son geste de repousser le poignard amusant. Que craignait-elle ? Le pensait-elle si maladroit qu'il puisse se couper à une lame posée sur une table ? Il prit soudain conscience de la façon dont elle s'était raidie en le voyant jouer avec la dague. Craignait-elle tout autre chose qu'une maladresse ?

Son regard clair ne montrait qu'une humeur aimable.
Il la divertissait ? Soit.
Déjà, la jeune femme s'était saisie d'un fleuret de bois et attendait qu'il prenne place pour la lecon.
Puisqu'il semblait qu'on ne vienne à elle que pour cela, il ne faillirait pas à la règle.
Du moins pas aujourd'hui.

Il se retourna vers la table pour choisir son arme. sa main voleta au dessus des gardes pour s'arrêter sur un fleuret à l'ancienne mode. La coquille ornée d'arabesques lui plaisait, il soupesa l'épée en testant l'équilibre et s'assurant qu'elle soit à sa main.
Il fit à nouveau face au Maître d'armes et quelques pas l'ammenèrent à la distance correcte.

Contrairement à elle, il ne fit pas siffler le fleuret, il salua et se mit en garde.
Sobre
.

"J'esquiverai, Maître, si vos attaques en valent la peine".
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Mila Scarlatti
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleLun 19 Nov - 23:39

« Nous voilà bien différents Monsieur…Les brouhahas déversés dans les rues d’ici ou d’ailleurs m’ennuient. Enfin, peut être que les murmures de Venise me distrairont davantage que les autres. »

Mila abaissa sa lame de bois jusqu’à ce que la pointe vînt caresser le plancher. Plus un geste. Seul son regard s’animait et s’intriguait. L’homme ne manifestait que peu d’enthousiasme. Ce n’étaient pas les leçons qui l’avaient guidé dans cette salle, mais autre chose…

« Maître conviendrait si seul le désir de manier le fleuret vous avait conduit ici, mais il n’en est rien, n’est ce pas ? »

Elle se détourna et déposa son épée de bois sur la table. Lentement. Puis reprit place face au Prince. Elle écarta une mèche ébène venue s’égarer en travers de son visage d’un geste indolent qui contrastait étrangement avec l’intensité de son regard.

« Pourquoi vous trouver face à moi si ce n’est le fleuret qui vous y a attiré ? A moins que… »

Un sourire énigmatique effleura ses lèvres alors que l’image de Di Lorio mordillant le lobe de son oreille s’imposait à elle.

« Peut être craignez vous que je ne sois moi même porteuse de ses rumeurs que vous affectionnez tant ? »

Comme à chaque fois qu’elle baissait la voix, celle ci devenait plus éraillée, plus chaude. Ce n'était ni une offense, ni un affront, juste une question qui se devait d’être posée afin que l’ambiguïté s’effaçât avant qu’elle ne pervertît leurs relations naissantes.
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleMar 20 Nov - 2:20

La jeune femme avait reposé son épée de bois, il n'y aurait pas de leçon.
Il considéra un instant l'arme qu'il tenait entre ses doigts. Une très belle pièce. Sans doute, il reviendrait pour l'emprunter. Mais s'étant à son tour tourné vers la table, il caressait à présent la crosse sculptée d'un pistolet de duel. Voici qui l'attirait encore plus, bien que l'on dise souvent qu'il s'agissait d'une arme de lache
.

"Pourquoi craindrais-je la rumeur alors que rien n'est plus amusant que de faire parler de soi ? Mais racontez-moi, Madame. Quelle serait le bruit que vous pourriez faire courir à mon sujet ?"

La beauté de l'objet le fascinait. Il le prit en main et levant le bras d'un mouvement lent, mit en joue le joli visage de Mila
.

"Magnifique." Il souriait, la menace était-elle voulue ? Il abaissa l'arme après quelques secondes. "Vous avez raison, je ne suis pas venu pour recevoir une leçon. Les leçons m'ennuient et les maîtres... ne parlons pas des maîtres, j'en viendrais à être désagréable. Ce sont les armes qui m'ont attiré ici."

Le sourire ne quittait pas ses lèvres et il eut un haussement d'épaules.

"Mais j'avoue bien volontiers que l'idée de rencontrer celle qui fait tant parler me distrayait."

Il rangea le pistolet dans la boite avec son jumeau et, refermant le coffret marqueté, le conserva sous sa main.

"Pardonnez ma curiosité mais, avez-vous de nombreux élèves ou réservez-vous votre savoir aux seuls hôtes de cette Maison ? Je me demande si une femme versée dans l'Art des armes attire plus de vocations qu'un homme."
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleMar 20 Nov - 19:15

Quels chuchotements pourrait elle égarer dans les oreilles avides de la noblesse vénitienne… ?
A la question, Mila n’offrit qu’un sourire. Un sourire insondable, inquiétant ou rassurant…Puisque le Prince semblait aimer jouer, elle décida de lui en donner l’opportunité. Et quel jeu plus stimulant que de deviner l’autre ? Surtout pour lui qui possédait déjà tout, certainement au point de s’ennuyer de tout. Que le désir chez un tel homme devait être difficile à attiser. Il savait ce qui lui était du, les têtes qui s’inclinaient, les regards qui convoitaient, les sourires qui flattaient, les mots qui caressaient. Pas d’obstacle, pas d’effort. Quelle tristesse !
Mila en vint presque à préférer son vécu. Sombre et tourmenté.

Elle fixa la pointe du canon qu’il braqua sur elle. Une lueur malicieuse pétilla dans ses yeux.


« Un cadavre au milieu de votre salle d’armes ferait désordre Prince. Par contre…Ce serait là un bon moyen de déchaîner les rumeurs. »

Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres.

« Si les armes à feu vous intéressent davantage que le fleuret, permettez moi de vous dispenser une première leçon : toujours vérifier que l’arme soit chargée avant de menacer. »

Elle s’approcha d’une étagère, ouvrit une petite boîte où s’amoncelaient divers projectiles, et d’un geste de la main, invita le Prince à venir se servir.

« Votre main n’a pas tremblé. Il est rare de brandir une arme aussi vénéneuse avec une telle confiance. Avez vous déjà tué, Monsieur ? »

Mila le dévisagea, espérant qu’il lui cédât une émotion. Juste une émotion, puisque, généralement, une telle question était esquivée. Le meurtre n’était pas un exploit qui s’avouait, mais un mal qu’on taisait. Aussi, n’attendit elle pas de réponse et poursuivit. Quoique, s’il répondait, et positivement de surcroît, cela créerait la surprise, et sans doute aussi l’intérêt, voire l’amusement. Elle savait apprécier les règles que l’on chahute et les lois que l’on bafoue. D’ailleurs, où en serait elle aujourd’hui si elle avait respecté les interdits… ?

« Les élèves qui suivent mes cours sont ceux que Monsieur votre frère autorise à franchir le seuil de sa maison. »

Elle ignorait tout des liens qu’entretenaient les deux frères. Ennemis, alliés ? Aussi avait elle usé de cette ruse qui consistait à soutenir l’autorité de l’aîné sur le cadet afin d’en apprendre plus. Si le Prince mordait, elle saurait à quoi s’en tenir.
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleMer 21 Nov - 21:57

Le jeune prince se tourna vers la salle et suivit Mila des yeux tandis qu'elle s'approchait d'une étagère et lui proposait des balles.
D'un geste de la main, il repoussa l'offre
.

"Merci, mais cela est inutile."

Il remit ses gants lentement, il avait envie de prendre l'air. Non que la présence de la jeune femme l'ennuyât, il la trouvait divertissante avec ses mines de vouloir diriger les choses. Oui bien divertissante. Mais voici qu'elle s'engageait sur une autre voie. Le sourire de Raffaele se fit plus appuyé et il croisa les bras.

"Les armes à feu m'intéressent en effet. J'aime leur efficacité et leur esthétique. Et j'aime à un point que vous n'imaginez pas, le plaisir mortel qu'il y a à ne jamais savoir si le coup partira."

Il inclina la tête, elle ne répondait pas à ses questions pourtant innocentes. Les entendait-elle ? Etait-elle de celles qui éludent par désir de paraître supérieures ? Sans doute. L'attitude qu'elle affichait confirmait l'impression.

"Je suis bien aise de voir que vous obéïssez aussi sagement à Monsieur mon Frère. Ainsi donc, vous ne prodiguez pas vos conseils en dehors de cette maison, cela doit réduire considérablement le nombre de vos élèves."

Il se saisit du coffret marqueté et quelques pas l'ammenèrent près de la porte qu'il ne franchit pas encore.

"Si j'ai déjà tué ? Voici une question que d'aucuns trouveraient embarassante, voire impudente. Il existe tant de manières de tuer, Madame. Par un mot, par un sentiment non partagé, par une rumeur habilement distillée on assassine aussi sûrement que d'un coup. Alors oui, Madame, j'ai certainement tué."

Il inclina à nouveau la tête et plissa les yeux
.

"Et je n'aurais pas la goujâterie de vous croire vous-même innocente de tout crime."

Il allait franchir la porte, quand il se ravisa et s'inclina devant la jeune femme.

"Pour ce qui est d'un cadavre abandonné ici, je suis bien certain que cela s'est déjà produit. Après tout, il s'agit d'une salle dévolue aux combats. Et certaines personnes sont tellement plus attirantes mortes que vivantes... Je ne doute pas que nous nous revoyons, Madame. Ici, ou ailleurs."

Un sourire et il gagna la porte.
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleJeu 22 Nov - 0:13

Il aimait les armes à feu. Une indicible déception voila le regard de Mila. Il était si ennuyeux d’affronter avec un pistolet en mains et si exaltant de tenir une conversation par le fer. Cependant, elle n’insista pas. Aucun mot ne semblait pouvoir convaincre le Prince, ce qui était un petit échec pour elle.

« Quel autre choix que d’obéir, Monsieur ? Ma naissance m’a fermé quelques portes que j’enfonce par la soumission. C’est là ma seule sagesse. La conscience de ma place. »

Un sourire ambigu effleura ses lèvres, mêlé d’amertume et d’amusement.

« Je ne suis en effet pas innocente. » admit elle de sa voix rauque.

Elle aurait voulu ajouter que si lui avait perdu son innocence par vice ou par jeu, elle, avait du la sacrifier pour avancer. Mais elle ne le fit pas. Il y a certains aveux qu’il est plus raisonnable de retenir coincé en travers de sa gorge.

« Un salle dévolue à l’art du combat, non un champ de bataille, du moins, pas tant que j’occuperai cet espace. »

Elle salua d’un gracieux mouvement de tête, son regard ne quittant pas le Prince qui s’éloignait.
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Iago degli Albizzi
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleLun 26 Nov - 2:39

Premier Post du Jeudi 5 Mars 1744

Par une autre porte, Iago était entré. Il n’avait pas vu Raffaele, et ne voyait qu’une femme, de dos. Il fit quelques pas dans la salle avant de reconnaître la jeune personne.

"Oh. C’est vous…"

Cela ne voulait pas dire grand chose. Evidemment que c’était elle. Et puis à vrai dire, il ne savait pas vraiment qui était ce "elle", cette Mila Scarlatti, il ne l’avait vu que quelques fois, par-ci par-là…

"J’aurai du m’en douter, le nombre de femme se promenant dans les salles d’armes étant relativement faible. Matteo aurait été ravi de faire votre connaissance. Une femme et des armes. Ces deux passions réunies en une seule personne. Une chance ! Sans doute beaucoup trop dangereux pour lui, mais de cela, il était incapable de s’en rendre compte."

Iago ne s’était pas trop approché de la femme, préférant la contemplation vague des armes. Le nom de Matteo était tout de suite arrivé dans son discours parce que c’était à cause de lui qu’il se trouvait dans cette salle. Il venait de retrouver dans un de ses livres un des poèmes stupides que le jeune homme s’acharnait à vouloir lui faire lire.
Il avait été pris d’une vague de mélancolie terrible et ses pas l’avaient conduit, sans vraiment y réfléchir dans la salle d’arme.

Cela faisait déjà un mois, mais Iago s’attendait presque tous les jours à voir réapparaître la figure bondissante de Matteo. C’était tellement bizarre, imprévu, irréel cette mort…
Stupide, stupide, stupide Matteo.

Iago tourna la tête vers Mila.


"Parce que vous ne l’avez pas connu, n’est-ce pas ?"

Il fallait prendre des précautions. Après tout, la dame était peut-être là depuis un an, et il ne la remarquait que depuis un mois. Cela arrivait. Cela était arrivé. Et momentanément, Iago n’avait pas envie de prendre de gifles.
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleLun 26 Nov - 21:50

Depuis le départ de Raffaele, Mila restait immobile devant les grandes baies vitrées, son pouce et son index malmenant une boucle noire. Nonchalamment. Son regard absent s’égarait sur les jardins qui s’étalaient à ses pieds. Les minutes qui venaient de s’écouler lui laissaient une impression étrange, presque inquiétante.

Elle revoyait le canon du pistolet que la main princière avait braqué sur elle. Puis du rouge. Ecarlate. Tel le sang.
Elle avait appréhendé le geste du Prince avec légèreté. Cependant, elle ressentait encore le regard du cadet des Grazziano peser sur elle.
Insondable.
A présent, elle doutait…Menaçait il ? Ou n’était ce que divertissement ?
Pourquoi aurait il menacé ? Il disait ne pas craindre les rumeurs qu’elle aurait pu semer au gré de ses rencontres, au contraire, elles l’auraient réjoui. Alors que craignait il ?
Les pièces du puzzle s’imbriquaient mal. Peut être lui en manquait il quelques unes. Les plus décisives….Celles qui amèneraient une logique à ce désordre…

Mila inspira profondément. Que l’esprit est pervers, distillant les pensées les plus extravagantes, orientant la réflexion là où elle ne devait pas s’égarer. Un sourire caressa ses lèvres. Un sourire pour relâcher la tension qui enserrait sa gorge.

Elle était si absorbée par ses pensées qu’elle sursauta presque en découvrant l’intrus. La boucle torturée entre ses doigts échappa à sa prise et rebondit sur son épaule. Se tournant, elle dévisagea l’homme avec un léger froncement de sourcils.
Oui, c’était elle…Et lui, qui était il donc ? Pourquoi tous les mâles de cette maison défilaient ils ici, sans même prendre la peine de s’annoncer ? Que les hommes s’intriguaient de peu de choses…Une femme maître d’armes et les voilà en émoi. Elle réprima un sourire. Sourire qui se figea quand les lèvres de Iago lâchèrent le nom de Matteo.

Mila baissa les yeux.
Matteo.
C’était le prénom qu’avait prononcé Graziella Rivieri en découvrant le corps sans vie dans la roseraie. Etait ce le même homme dont Iago parlait ?


« Matteo dites vous ? »

Il n’approchait pas. Que craignait il ? Qu’elle attrapât une lame et le décapitât ? Semblait elle à ce point sauvageonne ? L’idée ravit le Maître d’armes…

« Je n’ai aperçu qu’un Matteo. Matteo Salvanti. Il y a un mois environ. Malheureusement, je ne saurai jamais à quel point il aimait les armes. Nous n’avons pu être présentés…»

Le fait qu’il aimât les femmes ne retint pas l’attention de Mila. S’il s’agissait bien du même homme, elle ne regretterait qu’un élève possible qu’elle n’aura pas eu entre les mains.

« …une dague était…»

Elle se tut. La dague…Qu’était devenue la dague ? L’image incrustée sur la garde lui apparut. Parfaitement nette. Elle tourna la tête vers les dagues dispersées ça et là dans la salle, les contemplant une à une. Lentement.
Elle fut presque soulagée de ne pas découvrir sur l’une d’elle la panthère noire sur fond argent, comme une preuve d’innocence des Grazziano.


« …plantée dans sa poitrine… » poursuivit elle d’une voix absente.

Son regard s’anima soudainement, dévisageant l’homme qui lui faisait face. Il avait du connaître Matteo, et le connaître bien à en juger par la nostalgie qu’elle percevait dans ses yeux.

« Est ce bien ce Matteo que vous évoquez ? Qui était il ? »
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleJeu 29 Nov - 2:04

Iago avait senti comme un désagréable froid courir le long de son corps à l’évocation macabre de Mila. Il ne se représentait que trop bien la scène. Lui-même était déjà rentré à ce moment, mais il avait vu le corps de Matteo lorsqu’il avait été rapporté au palais, livide, raide encore d’avoir été abandonné trop longtemps dans la neige.
Si c’était ce Matteo là ?


"Oh oui, c’était ce Matteo là, et pourtant un Matteo qui n’avait rien à voir. Matteo Salvanti était un ami de longue date de Samuele. Son bras droit aussi, son bras armé plutôt, son espion, ses yeux et sa lame. Cela, c’est ce que vous répondront les gens de cette maison."

Degli Albizzi avait répondu à la maîtresse d’arme avec un ton où perçait une pointe de sarcasme. Mais son visage, subitement, fut prit par une expression nouvelle, peinée et douloureuse, pleine d’une rage impuissante devant une mort brutale. Et peut-être aussi pleine d’une tristesse que Iago refusait de ressentir.
Il se tourna vers la fenêtre, appuyant un bras sur le cadre de celle-ci, et sa tête sur le bras. Sa voix se fit plus troublée, son débit plus rapide. A vrai dire, il oubliait peut-être presque la présence de Mila.


"Mais Matteo c’était surtout un des êtres les plus stupides qu’il m’ait été donné de rencontrer. Vain, frivole, toujours en mouvement sans le moindre but, un brassage d’air, de mots, de pauses, continuel. Vivant, terriblement vivant, bien trop vivant.
Complètement stupide puisque si vivant avant, il est mort maintenant.

Incapable d’accepter qu’il n’était pas un être idéal perdu dans un roman de chevalerie. Incapable d’accepter qu’il n’était qu’un sac de ver. Et pourtant, là, maintenant, si on ouvre son tombeau, c’est des vers que l’on trouvera. Pourriture et vers.
Stupide Matteo. Sans doute n’a-t-il rien compris, même au moment de sa mort. Si… stupide. Il a du croire une fois de plus qu’il était dans un roman… Oh je parie presque qu’il a dû être fier de lui. Se dire "Et voilà Monsieur degli Albizzi ! Voyez, je suis toujours beau, bien que je sois mort ! J’ai échappé à tout ça !"
Stupide. Ce n’est pourtant pas compliqué de comprendre qu’il était déjà pourriture en étant vivant, et que ce n’était pas en mourant qu’il allait arranger les choses."

Il laissa ses doigts tambouriner rapidement contre la vitre. Il ne s’en rendait pas vraiment compte, mais la simple question curieuse de Mila venait d’ouvrir les vannes de ses sentiments confus. La disparition de Matteo avait créé un vide qui le gênait plus qu’il ne l’imaginait lui-même. Il n’en avait parlé à personne, parce qu’il n’avait personne à qui en parler. Mais il avait suffit d’une question simple pour que la demoiselle Scarlatti se transforme en réceptacle (involontaire peut-être) de son flot confus de parole.
Son ton était toujours ironique, mais il n’y avait pas de trace de l’assurance cinglante qu’il avait souvent.


"Et on en avait discuté pourtant, de ce que c’était que mourir. Il avait fini par comprendre qu’il n’y a rien de noble et d’héroïque là-dedans. Qu’il n’y a que de l’abjection dans une mort violente. Une abjection encore plus grande que la vie, et ce n’est pas peu dire.
Mais non. Tête de linotte. Stupide Matteo. Rien ne reste dans sa tête. Et il s’est fait embrocher comme un stupide poulet. Ça prétend être là, et tout d’un coup, ça disparaît…"

Dans le reflet de la vitre, Iago aperçut de nouveau la forme de Mila. Il se raidit imperceptiblement et rattrapa le fils de la conversation, d’une voix plus calme quoique toujours très rapide.

"C’était ça Matteo. Pour moi du moins.

Un être avec rien dans la tête. Peut-être l’ambition d’être un papillon. Un de ces grands papillons multicolores que l'on épigle dans une belle boite. Pour faire partie d’une belle collection. Sauf que lui, il n’est pas mis dans une de ces belles boites dans un beau salon. Lui, il pourrit sous terre.
Oui. Un papillon sauvagement épinglé par une dague."

Iago secoua la tête, dégoûté, avant de se figer brusquement. Une dague ? Il n’y avait pas de dague lorsque le cadavre était arrivé. Il se retourna lentement vers la jeune femme, son expression un peu changée. Moins perdue dans ses propres pensées et plus curieuse de la réponse.

"Cette dague… était-elle si commune pour qu’on n’ait pas cherché à savoir qui en était son propriétaire ?"
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleVen 30 Nov - 0:18

Mila fit quelques pas vers le centre de la salle, tout en glissant ses doigts dans son épaisse crinière noire qu’elle renoua, comme si les mèches indisciplinées qui s’étaient évadées du reste de la masse l’empêchaient de raisonner.

Matteo appartenait donc à la ca’Grazziano. Elle se surprit à ressentir ce que devait probablement ressentir une louve dont on menace la progéniture, ce qui lui arracha un sourire oscillant entre étonnement et amusement, cependant, le sarcasme et la raideur dont étaient imprégnés les mots de Iago lui firent relever son regard qui s’était égaré dans le néant.


« Mais vous, ce n’est pas ce que vous répondriez…Matteo était, pour vous, autre chose qu’un homme de mains au service du Prince…n’est ce pas ? »

Elle n’eut pas à attendre longtemps la réponse. Iago ne contint plus ni sa peine, si sa rage et les laissèrent s’exprimer sans craindre les effets de son épanchement. Il aurait aussi bien pu être un père éploré qu’un amant éprouvant douloureusement la perte de l’objet de son désir.

Que l’atmosphère devenait étouffante. Elle en arriva presque à espérer que Iago cessât ses complaintes, ne sachant tout simplement pas quelle réaction elle devait y opposer, ni ce qu’il attendait d’elle. Devait elle s’approcher, le soutenir d’une main amie qui se serait posée sur son épaule ?

Mila recula d’un pas, son regard fixé sur sa main…Non, elle n’était pas capable de cela.
Iago poursuivait sa conversation, en solitaire. N’avait il donc personne à qui se confier dans cette maison pour qu’il abandonnât ainsi les débordements de son cœur meurtri à une inconnue qui ignorait jusqu’à son nom ?


« Il n’a fait que profiter de sa jeunesse, sans doute avec insolence et témérité, si j’en crois votre jugement. Toutefois, ce n’est pas lui qu’il faut blâmer, mais plutôt cette main qui lui a infligé le coup fatal… » tenta t elle afin d'orienter la conversation là où elle désirait qu'elle s'orientât.

Elle releva soudainement le nez, alors qu’il affirmait avoir déjà évoqué la mort avec Matteo.

« Pourquoi aborder un sujet si grave avec un homme si jeune et si débordant de vitalité ? Saviez vous sa vie menacée ? »

Elle aurait préféré épargner Iago, mais les questions lui brûlaient les lèvres avec tant d’ardeur qu’elle ne pu les taire davantage.

« Pourquoi se trouvait il loin du Prince alors qu’il assurait sa protection ? Surveillait il quelqu’un d’autre ? Ou alors...au vu de sa fonction, aura t il hérité des ennemis du Prince...? Pardonnez mon indiscrétion, et sachez que je… comprends votre peine… »

Mensonge…Comment aurait elle pu comprendre la douleur engendrée par la perte d’un être cher ? Personne n’était cher à ses yeux.

«…mais, ce crime ne doit pas rester impuni. Je dirais même qu’il doit être rapidement élucidé, car en arrachant la vie à un proche du Prince, le meurtrier savait certainement qui il touchait. Peut être que sa prochaine étape sera le Prince lui même… »

Mila accrocha un regard suspicieux sur Iago alors qu’il évoquait la dague. Elle ne savait qui cette dernière incriminait, mais Iago avait raison, l’emblème n’était pas quelconque. Il accusait, mais qui ? Elle jugea plus sage de ne pas en révéler davantage, du moins, pas à Iago qu’elle ne connaissait pas, encore que cela fût un détail, non, ce qui la freina c’était plutôt de ne pas connaître la nature des liens qui l’attachaient au Prince. Même s’il évoluait sous son toit, il pourrait être quelqu’un de peu de confiance, or l’affaire présente exigeait confiance pour être évoquée en toute liberté.

« Je ne me souviens pas…Il faisait sombre, et il y avait une intense agitation qui a davantage retenu mon attention que cette dague… Mais, éclairez moi sur un point, je vous prie… : on dit les Adorasti ennemis suprêmes des Grazziano. Par contre, les rumeurs taisent l’origine du conflit… La connaissez vous ? »
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleMar 4 Déc - 18:46

Plus la jeune femme parlait plus Iago regrettait d’avoir parlé, de s’être laissé aller à un geste totalement contre ses principes.
La façon qu’elle avait de s’exprimer avec un ton mêlant fausse compassion, et raison soi-disant supérieure était insupportable. "Mais, ce crime ne doit pas rester impuni…" disait-elle. Mais pour qui le prenait-elle ? Pour un gamin à qui l’on a besoin de tout expliquer ? Pour un être dénué de raison que l’on a besoin de tenir par la main ? Paroles de circonstances, ronflement de mots vides et dénués de sens…
Iago était pris d’une envie féroce de lui fracasser le crâne contre les murs, tout en sachant très bien que cela ne serait en fait absolument pas satisfaisant.

Si Iago ne fit rien, ne dit, rien, c’est qu’il savait aussi qu’il était une fois de plus en train de faire preuve d’une certaine mauvaise fois. La dame ne le connaissait pas. Elle ne voyait qu’une personne qui déversait un flot de paroles peut-être pas très claires dans les oreilles de la première personne rencontrée. Ce qui, il fallait l’avouer, n’était pas un signe d’une excellente santé mentale.
Et puis quelque part, il savait aussi que les personnes capables de parler honnêtement à des inconnus étaient plus que rares.
Il se contenta de soupirer.


"Ne mentez pas, s’il vous plait…"

Il ne parlait pas de la dague, il n’avait aucune raison de penser que la jeune femme lui mentait sur ce sujet. C’était juste le "Je comprends votre peine" qui sonnait tellement faux qu’il lui donnait envie de vomir. D’autant qu’il n’avait pas de peine, juste de l’agacement. Même si ça, il ne le dirait pas à haute voix de peur de mentir sans s’en rendre compte.

"Les Adorasti, hein ? Alors vous soupçonnez tout de suite les vieux ennemis ?… Je ne sais pas exactement comment le "conflit" à commencer. Je ne sais pas si quelqu’un s’en souvient encore. Les Adorasti et les Grazziano sont originaires de Venise. Mais il y a plus de cent ans je crois, leurs pouvoirs devaient s’opposer, bref, ils se sont mis à se détester. Tellement que les deux familles ont été exilées. Ensuite… L’éloignement, le temps, a fait que tout c’est un peu calmer, et que Elio Adorasti a épousé la sœur de Samuele. Mais ils se détestent toujours. Par habitude j’imagine…"

Iago haussa les épaules. Il n’était pas intéressé par ses intrigues mesquines. C’était moche. Il eut un petit sourire ironique.

"Mais vous savez, Samuele a bien d’autres ennemis plus vindicatifs que son beau-frère. On n'est pas obligé de chercher tout de suite vers le plus romantique ou dramatique..."
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleMer 5 Déc - 1:57

Diverses expressions affectèrent les traits de Iago. Mila en discerna quelques unes, mais seule la lueur rageuse qui scintillait au fond de ses yeux l’intrigua. Il avait eu la faiblesse de se livrer, et elle, l’audace d’écouter. Sans doute regrettait il à présent, et la maudissait il d’avoir été témoin de cet abandon.

Un sourire s’esquissa sur le bord de ses lèvres alors qu’il lui demandait de ne pas mentir. Belle initiative. Elle était en effet lassée de se dissimuler derrière les convenances. Elle s’appuya nonchalamment contre la large table de bois, enfonçant son regard vif et perçant dans celui de Iago.


« Vous avez raison, je ne comprends pas. Pourquoi être venu ici, Monsieur ? Qu’espériez vous ? »

Mila se redressa. Quelques pas la portèrent face à Iago, tout près. Ses sourcils se froncèrent légèrement. S’ils avaient été amis, elle l’aurait encouragé d’un regard compatissant, soutenu d’une parole affable, peut être même aurait elle passé un bras bienveillant autour de ses épaules. Mais elle n’était ni son amie, ni l’amie de personne. Elle n’aimait pas les attaches et peinait réellement à comprendre toutes ces foules qui se liaient. Tout cela n’était que contrainte pour elle. Et elle n’aimait pas s’encombrer d’obligations. Elle préférait encore le froid de la solitude à la chaleur d’une étreinte qui réconforte. Voilà pourquoi elle ne comprenait pas. Mais bien sûr, elle ne révéla rien de tout cela à Iago, car cela aurait été trop lui céder. Aussi ne manifesta t elle que glace à son interlocuteur. S’il elle ne comprenait pas, peut être, lui, comprendrait il enfin…

« Il ne m’appartient pas de soulager vos tourments. Si c’est ce que vous êtes venu chercher dans cette salle, alors cherchez ailleurs. »

Lorsque la querelle opposant les deux maisons fut abordée, elle n’apprécia guère sa remarque et encore moins le ton sarcastique sur lequel elle avait été soufflée. Cependant, Iago n’avait pas tout à fait tort. Les soupçons ont vite fait d’accabler les ennemis les plus avérés, parfois au détriment de la vérité.

« Vous marquez un point. Le Prince Adorasti est la cible la plus facile à accuser. Cependant, il serait encore plus facile de l’écarter en usant de ce prétexte.»

Mila se détourna, et alla de nouveau se figer devant les grandes fenêtres sur lesquelles se reflétait la silhouette de Iago qu’elle scrutait, ignorant la splendeur des jardins, encore magnifiée par un soleil généreux.
Samuele…Si Iago se permettait de le nommer ainsi, c’est qu’il devait en être assez proche. Elle repensa à son silence concernant la dague. Elle hésitait à présent à lui en livrer le détail. Elle baissa le regard, soupira, puis regagna sa place près de la table. Attrapant une dague, elle sculpta le dessin de la panthère dressée et couronnée. Une fois, le dessin achevé, elle souffla pour ôter la poussière et se tourna vers Iago.


« Approchez je vous prie. »

Elle s’écarta et indiqua l’ébauche de la main.

« Connaissez vous cet emblème ? »
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleJeu 6 Déc - 0:09

Aux premières questions, Iago avait répondu en grommelant, sans chercher à se faire réellement comprendre puisque la jeune femme était en train de s’affairer autour de la table à graver on ne sait trop quoi, qu’il n’était venu dans la Salle d’arme que parce que ses pas l’y avaient conduit. Qu’il n’attendait rien de personne depuis longtemps, qu’il n’espérait rien depuis très longtemps aussi, et qu’il ne cherchait rien. Qu’il s’était contenter de lui répondre quand elle lui avait demandé qui était Matteo, même si, certes, il s’était peut-être un peu laissé aller dans la réponse. Qu’il ne lui avait jamais rien demandé, et surtout pas de soulager ses tourments, étant donné que, s’il avait vraiment des tourments, il n’y aurait sans doute personne sur terre pour les soulager. Qu’il ne voyait vraiment pas à quel moment de son discours elle avait pu avoir une idée aussi tordue. Et que si elle voulait bien, il ne serait sans doute pas plus mal qu’à l’avenir elle évite d’essayer de deviner ses pensées, parce que les chances qu’elle tombe juste était sans doute de la même proportion que celles que la lune tombe sur la terre.

Néanmoins, il s’approcha qu’en elle le lui demanda et regarda la gravure sur la table.

La demoiselle Scarlatti n’avait visiblement aucun talent poussé pour les arts (c’est ce que Iago pensa mais décida d’omettre dans son discours), mais on reconnaissait quand même quelque chose. Iago fronça les sourcils. Et pointa du doigt la table puis la forme animale.


"D’argent ? A la panthère de sable couronnée du même ?"

Il haussa un sourcil ironique.

"Vous vous moquez de moi peut-être ? Vous me posez soi-disant innocemment une question sur les Adorasti, et puis vous vous amusez à me montrer cela juste après ? Et ce serait par pure coïncidence qu’il s’agit justement du blason des Adorasti ? Mais…"

Iago avait légèrement froncé les sourcils, il ne comprenait pas pourquoi Mila se mettait à lui faire une esquisse du blason d’Elio, et cherchait tout en parlant, jusqu’à ce qu’une hypothèse valable lui traverse l’esprit.

"Oh… oh… Vous avez vu la dague en fait, n’est-ce pas ? Et elle était aux armes des Adorasti… mais ce n’est pas possible…"

Il laissa sa phrase en suspend. Sa théorie avait un autre trou, pourquoi Mila lui aurait-elle posé des questions sur les Adorasti si elle n’avait pas fait elle-même le lien entre les armes et la famille ? Mais dans ce cas, pourquoi lui posait-elle des questions sur le blason ? Iago s’embrouillait lui-même.
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleJeu 6 Déc - 1:49

« Comment ? »

Le regard de Mila s’écarquilla, observant tour à tour l’ébauche maladroite et Iago.
Le blason…des Adorasti… ?
Elle était si perplexe qu’elle mordillait frénétiquement sa lèvre inférieure, perdue entre ses théories qui s’effondraient et le discours hasardeux de Iago. Diable ! Que cet homme était difficile à comprendre…La croyait il assez torturée pour concevoir une stratégie aussi tordue pour obtenir des réponses ?

Mila soupira, mais décida de ne pas hurler son « innocence », craignant de s’enliser dans un débat sans fin.


« Vous dites que ce blason est celui des Adorasti ? »

Elle fit un effort laborieux pour forcer sa concentration qui s’était quelque peu altérée sous l’effet de l’étonnement, et acquiesça d’un lent hochement de tête à la question de Iago.

« Oui, j’ai bien vu cette dague. Une panthère noire, debout et couronnée, sur un fond argent. »

Elle se détourna et fit les cent pas autour de la table, les yeux baissés, ses doigts tapotant nerveusement le bord de bois, puis s’arrêta soudainement devant Iago.

« Non, ça ne va pas. Trop facile, trop évident. Si la main coupable était celle d’un Adorasti, celui ci n’aurait certainement pas laissé une preuve aussi accablante plantée dans la poitrine de Mateo… Nous cherchons dans la mauvaise direction. »

Elle attrapa de nouveau la dague et taillada sa piètre sculpture de manière à la rendre méconnaissable.
Son regard profond, presque transperçant se figea dans celui de Iago.


« L’assassin savait ce qu’il faisait en exposant ainsi la dague. Il voulait incriminer les Adorasti…Ou alors, cherchait il juste à brouiller les pistes, à se protéger en orientant les recherches vers le coupable évident, l’ennemi éternel… »

Elle passa une main fébrile sur son front.

« Vous évoquiez tout à l’heure des ennemis bien plus vindicatifs que les Adorasti…Qui sont ils ? Et est ce que l’un d’entre eux aurait pu se procurer cette dague ? »

Le Maître d’armes se pencha au dessus de la table, y appuyant ses deux mains. Elle était dépitée. Cette dague, maintenant identifiée, soulevait davantage de questions qu’elle n’apportait de réponses.

« Il pourrait aussi bien s’agir d’une amante éconduite, ou d’un amant jaloux…Cela pourrait être n’importe qui…N’importe qui ayant eu accès aux armes des Adorasti… A moins que… »

Mila se redressa brusquement, et fixa quelques secondes Iago en silence. Il y avait d’autres pistes possibles…

« Le meurtrier a peut être été interrompu. Il n’a peut être pas fait exprès d’abandonner la dague. Et s’il a été surpris, c’est qu’il y a un témoin… »

Mila s’interrompit. Le plancher venait de craquer annonçant l’arrivée de quelqu’un. Son regard glissa lentement de Iago vers l’entrée de la salle d’armes. Elle fit discrètement signe à son interlocuteur de garder le silence, puis pencha la tête sur le côté, peinant encore à identifier ce nouvel arrivant…
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Muzio Barrozi
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleJeu 6 Déc - 22:02

[Calle Bardini - La Maison du Conseiller-Astrologue - Etage Inférieur - Le Salon-Bibliothèque]

La clarté froide l'éblouissait un peu tandis qu'il marchait tranquillement, pensif. Muzio était un peu déçu par son entrevue avec l'astrologue. Il avait espéré, avec sans doute un brin d'idéalisme, que son voisin tomberait le masque face à lui. Il avait espéré moins de mauvaise foi chez Salvatore Chiavelli, et n'avait pas obtenu les paroles qu'il attendait. Jusqu'où pourrait aller le manque de scrupules de l'astrologue, voilà ce qui préoccupait Muzio à cet instant.

Puis ses pensées s'éparpillèrent un peu tandis qu'il longeait la Fenice. Il songea à ses patients récents, à ceux qu'il devait aller visiter bientôt, aux morts et aux naissances qui se profilaient.

Le médecin emmenait toujours sa trousse quand il se déplaçait. Souvent son emploi du temps était bousculé par un imprévu, mais il avait appris à s'adapter, voire à aimer ces appels inopinés. D'autant plus quand il s'agissait de naissances, car il était vrai que les urgences pouvaient réserver de mauvaises surprises. Bref, Muzio savait être absolument dans le moment présent tout en ayant conscience qu'il pouvait être suspendu à tout instant. Ce qui n'avait encore pas été le cas lors d'un cours d'armes.

Le médecin fut bientôt rendu Ca'Grazziano, où il était attendu. Dans l'entrée, il s'enquit de l'heure; il avait quelques minutes d'avance, mais il aurait été stupide de rester planté là.

Il s'arrêta un instant devant la porte entrouverte, hésita en entendant des voix. D'habitude le Maître était seule. Il se décida à franchir le seuil, faisant craquer le parquet d'une manière familière. Son visage s'éclaira quand il reconnut l'interlocuteur de Mila. Iago degli Albizzi était l'une des personnes que le médecin préférait rencontrer. Néanmoins les deux hôtes de la Ca'Grazziano semblaient soucieux, et quoique déposant sa trousse dans l'ombre de l'entrée, Muzio n'avança pas.


« Bonjour Maître, bonjour monsieur degli Albizzi. »

Il se tourna plus particulièrement vers Mila.

« Je suis un peu en avance, pardonnez-moi. »
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleSam 8 Déc - 0:21

Premier post du Jeudi 5 Mars 1744


Quelle étrange idée avait décidément bien pu lui traverser l'esprit?
Telle était la question que la jeune femme s'était alors posée. Cette envie avait-elle été soudaine, ou bien avait-elle été le fruit de mûres réflexions? Azaria n'avait su que répondre à cette interrogation intérieure. Certes, elle avait cette idée depuis qu'elle avait appris que le maître d'armes était en réalité une femme. Cependant, le fait qu'une femme de sa condition puisse aspirer à recevoir un tel enseignement n'était pas chose courante, ou, tout du moins, cette dernière n'aboutissait que rarement à ce qu'elle désirait. Aurait-il été préférable de mettre le prince dans la confidence avant de prendre de telles initiatives? Elle ne savait guère. Elle était cependant certaine du fait qu'elle voulait aller jusqu'au bout de ses envies...

Afin de ne pas trop attirer les attentions sur ses allées et venues, elle avait tout d'abord prétexté désirer se promener un peu seule dans les jardins. Cela lui avait permis par la même occasion de justifier le long manteau dans lequel elle s'était enveloppée, dissimulant sa tenue peu habituelle pour une femme comme elle. Pour autant, tout n'avait pas été simple. Les servantes et les valets alors présents avaient tellement insisté pour qu'elle soit accompagnée que la napolitaine s'était vue obligée de se montrer ferme et catégorique. Cela lui avait néanmoins permis de parcourir les couloirs en toute tranquillité...

A quelques pas du lieu dont elle n'avait jamais franchi le seuil, la baronne marqua un arrêt. Elle fut bien étonnée de constater à quel point les battements de son coeur s'étaient si soudainement accélérés, avec quelle force ce coeur cognait contre sa poitrine. Son rythme respiratoire s'était également fait légèrement plus rapide que lors des minutes qui s'étaient précédemment écoulées. La jeune femme fronça finalement ses sombres sourcils tandis qu'une nouvelle interrogation lui martelait l'esprit. Etait-elle en train d'appréhender les différentes réactions que ses envies allaient certainement susciter?

Les bras croisés, les doigts tapotant nerveusement le tissu de son manteau, elle s'octroya quelques secondes afin de se ressaisir, après quoi, elle gagna la salle d'un pas déterminé, fermement décidée à poursuivre ce qu'elle avait prévu.
En dépit de sa détermination immense, elle fut bien surprise de constater qu'elle ne serait pas seule avec Mila Scarlatti. Ce sentiment fut durant quelques instants presque palpable, tant les yeux avec lesquels la napolitaine regardaient ceux qui l'entouraient étaient écarquillés.
Elle garda alors ses paupières closes avant de les rouvrir l'instant d'après. Un sourire aimable naquit alors sur son visage tandis qu'elle fixait tour à tour la femme, le médecin et le gentilhomme. Après s'être éclaircie la gorge, elle déclara d'une voix douce:


"Messieurs, Maître, je vous souhaite le bonjour."

Un petit rire s'échappa de ses lèvres, puis elle reprit:

"J'avoue que j'aurais cru vous voir seule, Maître. Si vous êtes trop occupée, je peux revenir vous voir plus tard, déranger n'est pas mon fort..."
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Muzio Barrozi
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleSam 8 Déc - 14:12

La salle d'armes devenait presque aussi fréquentée qu'un moulin. A peine avait-il fini de s'annoncer qu'une voix prit le relais derrière lui. Surpris, Muzio se retourna et se retrouva face à une très jolie jeune femme au port noble. Il la salua d'un signe de tête mais ne put guère poursuivre.

En effet, la servante qui l'avait introduit fit à son tour irruption dans la pièce, et vint lui chuchoter: "Maître, un serviteur de la Ca'Adorasti vous attend dans l'entrée; vous devez vous presser, la princesse Bianca est proche de la délivrance !". Le médecin se redressa brusquement et se tourna vers Mila:


« Je dois partir. »

Puis à tous:

« Je vous prie de m'excuser. »

Il s'inclina brièvement, hésita à ajouter un "Si vous croyez en Dieu, c'est le moment de le prier" mais ne le fit pas. Il se contenta d'un regard à Iago qui, il en était sûr, comprenait, et attrapa sa trousse. N'avait-il pas eu un pressentiment en arrivant ici ?


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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleLun 10 Déc - 6:06

Le tour de post pour ce sujet est désormais libre.
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleLun 10 Déc - 22:24

Le regard de Mila suivit la mallette abandonnée dans un coin par le médecin. Sa main glissa lentement jusqu’à son épaule., celle qu’il avait soignée avec adresse et délicatesse aussi…respectant les distances qu’elle avait imposées entre eux sans qu’elle ne prononçât le moindre mot, comme s’il avait compris d’instinct qu’elle n’aimait pas qu’on l’approche de trop près.
En appuyant un peu, elle réalisa que la douleur avait disparu, seule une légère cicatrice, parmi tant d’autres, lui rappellerait l’incident dont elle avait été victime.


« Vous n’avez rien à vous faire pardonner, Maître. Je crois même que vous êtes le seul à ne venir ici que pour le délice de tâter le fer… »

Elle adressa un regard malicieux à Iago.

« Ainsi donc, il aura fallu l’arrivée de Maître Barrozi pour que votre nom me soit enfin dévoilé Monsieur degli Albizzi. »

Bien qu’elle s’efforçât de paraître sereine, son regard trahissait une pointe d’anxiété. Elle ne parvenait pas à libérer ses pensées de Mateo. Et plus elle y réfléchissait, plus ses idées s’emmêlaient. C’était insupportable !
Elle balaya son exaspération d’un soupir, quand le plancher craqua de nouveau…Azaria Mecerelli, fiancée de l’aîné. Un sourire enthousiaste flatta les lèvres du Maître d’armes. Elle l’avait croisée plusieurs fois au détour d’un couloir, trop furtivement pour vraiment concevoir un jugement. Aussi profita t elle de cette venue absolument inattendue, voire surprenante, pour observer. C’est souvent par la femme qu’on découvre tout ce que l’homme cache, et il tardait à Mila d’en savoir plus sur le Prince aîné par le biais d’Azaria.


Elle inclina poliment la tête pour la saluer.

« Deux hommes ne suffiraient pas à m’occuper… » souffla t elle de sa voix rauque et chaude tout en taquinant Iago et Muzio du regard.

Elle s’approcha de la fiancée, se demandant ce qu'elle dissimulait sous ce long manteau qui ne dévoilait rien de sa silhouette.

« Entrez, je vous en prie.»

Craquement de plancher. Encore. Elle tourna la tête vers la servante qui froissait les plis de sa robe d’une main nerveuse tout en chuchotant quelques mots inaudibles à Muzio. Mila leva un sourcil curieux puis, accepta les excuses du médecin d’un battement de cils. Il semblait à présent tout aussi nerveux que la jeune servante. Si elle avait été seule, elle l’aurait sans doute rattrapée pour connaître le fin mot de l’histoire, mais elle n’était pas seule. Aussi pivota t elle vers Iago et Azaria.

« Bien…Il semble que mon cours soit annulé. L’un de vous souhaite t il profiter de ce désistement ? »

Son regard quitta Iago pour s’attarder sur Azaria. Elle était en effet bien curieuse de savoir ce qui avait amené le jeune femme à franchir le seuil de la salle d’armes…
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Azaria Mecerelli
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleMar 11 Déc - 0:34

Il n'était pas dans les habitudes d'Azaria d'être mal à l'aise. D'ordinaire, si elle jouait bien souvent la blanche colombe, elle ne paraissait pas moins assurée. Or en ce lieu, la napolitaine n'était pas dans son élément habituel, ce qui n'avait pas manqué de la décontenancer. Cependant, sa véritable personnalité refaisait surface, la jeune femme détestait l'idée de paraître craintive. Sa présence étonnait-elle les personnes ici présentes? Certainement, mais cela, semblait t-il, n'empêcha pas la maître d'armes de se montrer aimable à son égard. S'apercevant que son interlocutrice se dirigeait vers elle, son premier réflexe fut de faire quelques pas en arrière. Elle parvint cependant à réprimer ce geste à temps. Ses mains, doucement, se resserrèrent autour de son manteau.

Ce fut tel un agile félin que la napolitaine se détourna ensuite afin d'étudier le nouvel arrivant. Son regard, comparable à celui d'un animal sur la défensive, dévisagea la servante. Azaria n'était pas du genre à être ennuyée lorsqu'on la dérangeait. Or cette fois-ci faisait exception à la règle. La fiancée du prince s'était fixée un but déjà bien difficile d'atteinte sans qu'on ne vienne l'interrompre dans son élan.
Elle ne put donc s'empêcher de ressentir un sentiment de soulagement lorsqu'elle vit la servante se diriger vers l'un des deux hommes. Ce ne fut que lorsqu'elle le vit prendre sa trousse qu'elle réalisa qu'il s'agissait de Maître Barrozi, l'homme qui, lui avait-on dit, était parvenu à comprendre que la soeur de son fiancé était proche de la délivrance. La jeune femme fut donc satisfaite de pouvoir mettre un visage sur ce nom. Elle le regarda s'éloigner, puis redirigea son attention sur l'autre femme.

Mila Scarlatti était fascinante. Au milieu de ces armes, elle était comme un poisson dans l'eau.
Une eau dont Azaria mourrait d'envie d'y tremper son pied. Cependant, elle ne savait pas de quelle manière aborder le sujet qui la taraudait, et il paraissait évident que la présence d'une tiers personne n'était pas pour arranger sa situation. Aussi attendit t elle patiemment que l'un des deux autres individus tende une main qu'elle se promettait de saisir.
Vint alors la question de Mila. Loin de la jeune femme hésitante qu'elle avait été en franchissant le seuil de la salle, Azaria bondit sur l'occasion. D'une voix claire, elle déclara, sûre d'elle:


"Je suis pour ma part particulièrement intéressée."

Elle baissa la voix, puis s'arrêta quelques instants, certaine que sa réaction ne laisserait pas indifférente. Elle fixa ses interlocuteurs d'un regard dès lors brillant, puis reprit, de la même voix assurée:

"Je sais pertinemment qu'une telle demande n'est pas ordinaire. Je veux que vous sachiez que ma démarche est réfléchie. Il faut dire que j'y songe depuis que je connais l'existence de Maître Scarlatti. Je suis néanmoins ouverte à toutes remarques..."

Afin d'achever de lever le voile sur le mystère de sa présence, Azaria porta ses mains à son manteau, qu'elle fit glisser avant de le plier sur son avant bras, dévoilant ainsi une tenue d'homme, certainement "empruntée" à l'un des valets du palais. Puis Azaria fixa avec intensité Iago et Mila. Elle était prête à affronter tous types de remarques... même les plus désobligeantes...
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Iago degli Albizzi
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MessageSujet: Re: La Salle d'Armes   La Salle d'Armes PerleMer 12 Déc - 17:21

En temps normal, effectivement, Iago n’eut pas manqué de faire une réflexion sur le fait que l’habit ne fait pas le moine et qu’une femme pouvait bien s’habiller en homme, elle n’en resterait pas moins un être inférieur, ou quelque chose de ce goût là. A moins qu’il n’ait fait remarquer à la fiancée de Samuele qu’apprendre à se battre en costume d’homme ne lui servirait de rien, puisque c’est habillée en femme qu’elle serait, peut-être, amenée à utiliser ses nouvelles connaissances.

Mais là, c’est à peine si Iago remarqua l’étrange accoutrement de la jeune femme. Il était encore plongé dans les paroles de Mila Scarlatti. Au moment où ils avaient été interrompus, Iago s’apprêtait à faire remarquer au maître d’armes que l’on ne pouvait en fait rien conclure de cette dague. Et il s’efforçait à faire de même, malgré son esprit qui cherchait à trouver toutes les solutions possibles à cette énigme.

Et puis il y avait eu Muzio qui était entré et ressorti au même instant. Et le regard qu’il lui avait lancé signifiait clairement qu’il était appelé chez les Adorasti, et il n’y avait qu’une seule raison à cela, Bianca allait avoir un enfant, et Elio allait être père.

Et cela était perturbant. Très perturbant.
Le premier mouvement de Iago avait été de courir après Muzio. Mais de quel droit pouvait-il être présent à un moment si important pour la famille Adorasti ? Et puis il y avait Samuele qui était parti voir sa sœur, et qui sans doute était toujours là-bas. Et l’idée de se trouver entre Samuele et Elio lui était très désagréable. D’autant plus que Samuele lui paraissait étrange ces derniers temps. Qu’il ne le reconnaissait plus tout à fait.

Tout cela fit que lorsque la fiancée de Samuele annonça sa résolution, Iago se contenta de répondre poliment comme si tout cela était très naturel.


"Je vous laisse la place, Madame. Je n’ai pour ma part aucune affection particulière envers ce genre d’exercices."

Iago s’installa sur un des bancs qui bordaient la salle. Il avait envie de réfléchir et n’avait pas envie de quitter la salle d’arme. Peut-être avait-il aussi une légère curiosité, une légère envie de voir comment Mila maniait l’épée après l’avoir vu jongler avec des mots.


(Comme le tour de post est libre, et pour que je ne gène pas le déroulement du "cours", vous pouvez pt'être jouer sans attendre à chaque fois le tour de Iago ? Je posterai dès qu’il y en aura besoin, mais peut-être pas à chaque tour, comme ça, vous pourrez aller plus vite aussi ^^’)
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