Nom : Catanei
Prénom : Demetrio
Âge : 23 ans
Condition Sociale : Musicien, issu de la petite noblesse florentienne
Apparence Physique : Pour décrire Demetrio, nombre emploieraient le terme d’artiste. Bien plus tard, un poète illustrerait cet état de fait par l’image d’un oiseau, gauche sur le sol et digne dans les cieux. Il est vrai que son regard gris est doté de l’intensité inexprimable de l’âme sur le point de déborder, de ce feu couvant sous la braise n’attendant qu’à s’enflammer. Légèrement voûté comme s’il se voyait gêné par sa haute taille, il semble toujours encombré par ses bras trop longs, ses jambes interminables, ses doigts fins et nerveux qui répètent inconsciemment les notes de la sonate qu’il présentera sous peu. Sa silhouette aux épaules étroites est longiligne, entre l’élancé et le rachitique, assez pour qu’on s’inquiète de sa santé, mais pas au point de le croire frêle. D’une complexion pâle, on devine aisément qu’il a passé son existence entre les murs d’un salon, à divertir des invités de sa musique.
Ce n’est d’ailleurs que son violon en main qu’il paraît subitement prendre forme. Sa posture se redresse alors, plante qu’on aurait éloignée de la lumière et qu’on abreuverait soudainement de Soleil. On remarque la noblesse de sa figure aux lèvres minces et au nez aquilin, chose impossible en d’autres temps, sa nuque ployée faisant tomber des mèches de jais sur son visage angulaire. La grâce de ses gestes fluides étonne, la fermeté de son maintien ébahit. On lui découvre un panache inattendu, une sensibilité douloureuse et une voix à la mélodie plus éloquente que n’importe quel discours.
Le charme se dissipe peu à peu lorsqu’il range son instrument dans son boîtier. Le soliste brillant cède sa place au jeune homme taciturne, à contrecœur paraît-il, alors que ces doigts élégants caressent un manche fragile comme pour lui dire adieu.
Caractère : Maîtriser un instrument aussi capricieux que le violon exige autant de rigueur que de talent. Demetrio n’a cesse de lutter pour brider la passion qui l’habite et discipliner la nature impulsive qu’il perçoit en lui. C’est pourquoi il apparaîtra d’abord distrait et distant, le regard ailleurs, son esprit à vagabonder ici et là. Même au beau milieu d’une foule, il semble isolé dans un univers qui lui est propre, se détachant de ce qui l’entour pour se réfugier loin du tumulte ambiant. Les longues heures de pratique pour parvenir à interpréter impeccablement le mouvement ardu d’un concerto l’ont habitué à la solitude.
Il répondra immanquablement avec un instant de retard, si on lui adresse la parole, la surprise s’affichant sur ses traits, comme s’il ne s’attendait pas à ce qu’on remarque sa présence. Toujours hésitant, il jonglera avec les formules de courtoisie qu’on lui a inculquées afin de ne pas paraître tout à fait fruste et cherchera par tous les moyens à en divulguer le moins possible sur lui-même. Malgré sa déférence sans faille, on s’apercevra rapidement combien les mondanités semblent le gêner. Certains seront charmés par sa voix feutrée et sa réserve policée, d’autres le prendront plutôt pour un jeune homme timoré avec pour seule utilité de divertir par la musique.
Toutefois, si on s’attarde assez longtemps en sa compagnie, on constate de la sincérité dont il peut faire preuve, quand il oublie les usages de la bienséance. En l’aiguillonnant sur ses sujets d’intérêt, il devient un interlocuteur volubile et animé, traduisant son point de vue avec force de geste et d’emphase. Puis, réalisant son inconvenance, il se confondra en excuses avant de se tenir en retrait, apparemment honteux d’avoir donné libre cours à sa pensée.
Note: Il s'est établi à Venise depuis maintenant trois ans, bien qu'il ait passé son enfance à Florence et quelques années à Milan.