VENISE
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 La Bibliothèque

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Ines di Grazziano
Lara del Core
Orfeo Ciriaco
Iago degli Albizzi
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Orfeo Ciriaco
Saltimbanque
Orfeo Ciriaco


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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleMar 3 Jan - 1:59

Le saltimbanque avait gardé le regard fixé sur le visage du Prince tandis que celui-ci déroulait le message et en prenait connaissance. Un sourire en coin avait allumé ses yeux clairs au fur à mesure que l'homme installé dans le fauteuil et dont il n'apercevait que les bottes se balançant au rythme de ses mots, se laissait emporter par ses pensées ironiques et mises en paroles avec un flegme brillant.

Orfeo se dit que si l'homme n'avait pas eu la 'malchance' de naître coiffé, il aurait fait un admirable bateleur, un comédien de grand talent qui aurait emporté les foules dans un rire, les tournant d'un côté et de l'autre au gré de sa fantaisie. Un comédien auquel il se serait associé avec plaisir.

Puis, Ugo di Grazziano s'adressa à lui et son sourire se fit plus policé
.

"Non, Monseigneur, je n'ai pas eu connaissance du contenu de ce message. Il n'eut pas été digne de le lire alors que l'on m'avait fait jurer discrétion. Pour ce qui est de la Dame..."

Il eut une hésitation avant de répondre. Peut-être la missive n'était pas assez explicite quant au désarroi de la Princesse... Mais qu'était-il habile de raconter en sachant que les grands de ce monde n'appréciaient aucunement l'ingérance des petits dans leurs affaires et que, quoi que l'on en sache il valait toujours mieux prétendre l'ignorance et feindre une éternelle naïveté ?
Renseigner le Prince quant à la provenance du message ne semblait en revanche guère dangereux et il décida de se contenter de répondre à cela
.

"La jeune Dame se tenait sur un balcon au premier étage de la Ca'Adorasti tandis que j'allais à mes affaires pres de là. Aussitôt qu'elle m'eut vu, elle me héla et je me hissais jusqu'à elle. Elle me remit alors ce message et le bijou qui l'accompagne en précisant qu'elle y tenait beaucoup et qu'il faudrait le lui rendre. Elle me précisa être votre parente et me pria de venir toutes affaires cessantes vous remettre ceci. J'ai pensé refuser afin de n'encourir aucun ennui, mais son triste visage et ses yeux rougis m'ont poussé à accepter. Je ne sais rien de plus, Monseigneur, sinon qu'elle attend une réponse que je me suis engagé à lui remettre."
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Iago degli Albizzi
Gentilhomme - Ca'Grazziano
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleVen 6 Jan - 16:55

Iago avait tendu les deux mains par-dessus le dossier de la chaise pour attraper le petit morceau de papier.
Il s'était ensuite complètement replié sur lui-même derrière le haut dossier et n'avait plus bougé. On aurait pu avoir l'impression qu'il observait un silence de mort.

En fait, Iago tentait à grand peine de se retenir de rire.
Il y arrivait presque, mais le "son triste visage et ses yeux rougis" eut raison de lui, et après quelques hoquets étranges, un immense éclat de rire surgit de derrière le fauteuil.
Suivit de peu par une paire de jambe, et une tête renversée sur l'accoudoir.

L'explosion de rire passée, Iago se releva brusquement et rendit le papier à Ugo.


"Tiens, je te laisse le soin de brûler cet amas d'inanité pathétique..."

Puis regardant Ugo avec un sourire amusé il reprit.

"Souris, Prince, souris ! ta jeune parente, si je puis me permettre, est une tête de linotte... Elle a agit avec un manque de jugeote particulièrement vif. Rien ne méritait ce genre de mot.
Figure-toi que pendant que j'étais chez Elio, elle s'est mise à espionner notre conversation de la façon la plus maladroite qu'il soit. Il faudrait peut-être que tu lui apprennes les bases de cette science. Tu comprendras aisément que cela n'a pas beaucoup plus à Elio. Il est possible qu'il se soit lassé au point de l'enfermer dans sa chambre...
Mais quant au reste..."

Iago eut de nouveau un petit rire et retourna près de la cheminée pour se chauffer encore un peu plus.

"Cela n'est qu'un salmigondis d'idiotie. Ne pas aller à la soirée ce soir ? Mais ne lui avez-vous rien appris de la vie conjugale ? N'avez-vous pas réussi à faire entrer dans sa petite tête blonde les principes de bases d'un mariage dans notre société ?
Bien sûr qu'elle sera là ce soir, avec un grand sourire aux lèvres et un nouveau bijou précieux dans sa panoplie ! Elio n'est ni un monstre ni un idiot. Il aura forcément trouvé un moyen de se réconcilier avec elle…"

Iago retourna le fauteuil dans lequel il se trouvait précédemment pour pouvoir continuer son discours amusé assis, mais tourné vers Ugo et Orfeo.

"Mais que croit-elle… que le mariage est un beau chemin plat bordé de roses débordantes du parfum du bonheur ? C'est un calvaire, un gouffre, une abomination."

Il regarda subitement Orfeo avec un haussement de sourcil ironique.

"Retenez bien ça, jeune homme, même si quelque chose me dit que vous n'êtes pas du genre à commettre ce genre d'idiotie. De sang froid du moins."

Il reprit de nouveau vers Ugo, toujours plein de sa verve vive et joyeuse.

"Il n'y a pas de bonheur à chercher mais simplement un malheur un peu moins grand. Elle devrait commencer à apprécier de se faire enfermer, c'est ce qui lui donnera le plus de pierres précieuses qu'elle pourra revendre à un juif pour entretenir un galant.
Et puis, tu imagines si ce billet était tombé dans les mains de quelqu'un de moins bien intentionné que notre valeureux messager ici présent ? Elle se serait parfaitement couverte de ridicule, entrainant ta maison avec elle. Moi je m'en fiche, encore une fois, cela ne ferait que révéler la vérité de la nature humaine, mais je doute que cela entre dans tes visées...
Il ne faut pas la plaindre Ugo, mais lui passer un savon pour son manque de prévoyance, sa négligence et son incapacité à comprendre la réalité de la situation…"

Iago s'installa de nouveau de travers dans son fauteuil avant d'ajouter sa conclusion définitive.

"Voilà, j'ai dit, et de plus, il faut détruire Carthage."

C'était un autre des plaisirs de Iago que de finir ses discours ainsi. C'était sa façon discrète de rappeler toujours à Ugo que lui parlait, parlait, disait ce qu'il pensait, mais que ce qu'il pensait n'était ni conseil ni reproche, ni louange, simplement sa pensée. Et Iago savait bien que sa pensée était un point de vue différent sur un sujet, une voix sacrilège qui débitait des insanités à toute vitesse et qui la plupart du temps était absolument inapplicable…
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Coriolan
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleDim 15 Jan - 12:47

Coriolano se retourna vers Iago pour le fixer longuement dans les yeux. Il avait décidé de faire totale abstraction du messager pour un moment. Rien ne devait plus exister que ce regard qu'il fixait sur son ami. Et ce regard disait "méfiance". Non pas méfiance car Iago était allé trop loin. Cela arriverait sans nul doute un jour. Mais ce serait un jour que Iago lui-même aurait choisi, il n'y avait aucun doute à ce sujet. Non, c'était une toute autre sorte de méfiance.
Car enfin, le puzzle qu'on présentait à Coriolano ne fonctionnait pas. Les pièces reposaient les unes à côté des autres et pas une seule ne semblait pouvoir se lier aux autres. Par exemple, qu'arrivait-il à Bianca ? Depuis l'arrivée de son frère à Venise, deux esprits contradictoires semblaient s'être emparés d'elle. Elle agissait tour à tour avec une ruse confondante et une ingénuité désarmante. Mieux valait se montrer, dans ce cas, le plus pessimiste possible. Cela annonçait un danger. Tout cela, il fallait que Iago le comprenne, et que Iago comprenne également que, au vu de la position qu'il occupait, Coriolano n'avait pour le moment pas énormément de cartes à jouer. Aussi, après plusieurs minutes de silence, se retourna-t-il vers le messager.


"Monsieur je vous remercie de vos efforts. Comme l'a remarqué mon ami ici présent, à sa manière, ma soeur s'est mise en grand danger en agissant ainsi. Aussi ne vais-je pas aggraver la situation. Si vous parvenez à la revoir, dites-lui simplement que tout va bien. Rien de plus. Elle comprendra.
D'autre part, j'aimerais également que vous me fassiez l'honneur d'être présent ici même, demain dans l'après-midi. J'aurais quelques questions à vous poser sur votre art, lorsque mes affaires m'en laisseront le temps... N'est-ce pas ce que tu me conseillerais, Iago, le meilleur des amis ? Eloigner quelques temps les fantômes poussiéreux des affaires politiques !
Eh, médite bien ces mots. Ce soir, la politique revêtira des atours qui feront pâlir d'envie notre chère princesse Di Alessandro !"

Sur ces mots le Prince eut un petit rire. Un rire de joie pure. Oh oui. Le bonheur affluait à l'état pur dans ses veines. Cette situation inextricablement emberlificotée lui laissait entrevoir des perspectives plus riches encore que tout ce qu'il avait pu imaginer en posant le pied dans ce palais humide. Et c'est presque en dansant qu'il tendit à nouveau le médaillon à Orfeo.


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Orfeo Ciriaco
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleMar 17 Jan - 0:51

Orfeo se retint de sourire aux propos ironiques du gentilhomme qui s'adressait au Prince aussi librement qu'à n'importe quel bon ami sans ce soucier de son rang ou de l'étiquette.
Mieux, il semblait que le Prince l'écoutait et ne se formalisait pas qu'on lui parla assis alors que lui-même se tenait debout.
Assurément, ces deux-là étaient forts liés et le jeune homme sentit que pour plaire à l'un mieux valait ne pas déplaire à l'autre. Le reste de la conversation ne l'interessait que peu, faisant référence à un monde d'enjeux politiques qui lui était étranger
.

"Je porterai votre réponse aussi vite que je le puis, je serai prudent afin de ne pas causer de tort à Madame votre soeur, soyez-en assuré. Je suis flatté que ma présence et mon art vous agréent, Monseigneur et c'est avec grande fierté que je me présenterai à votre porte demain dans l'apres-midi."

Un sourire radieux illumina le visage du saltimbanque à l'idée d'être souhaité dans un tel lieu, et par le Prince lui-même.
Il se saisit du petit médaillon et le fit disparaitre dans un pli de son vêtement. Aprés une derniere courbette de comédie, il ouvrit la porte avec un sourire joyeux et s'en fut d'un pas sautillant, tout excité de revenir bientôt
.

[embarcadere]
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Iago degli Albizzi
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleSam 21 Jan - 18:10

Iago avait eu un haussement de sourcils puis un air de compréhension mi-ironique mi-sérieux. Il s'était ensuite tu et avait sagement attendu le départ du messager vagabond pour se redresser sur son fauteuil.

Il avait parfaitement compris ce que Ugo avait voulu lui dire par ce long regard, et il agirait en conséquence, mais pour l'instant, il restait presque "accroché" au rire de Ugo. Depuis qu'ils étaient arrivés à Venise, il ne lui semblait pas en avoir entendu de semblable. Oui cela faisait longtemps...
Il le regardait d'un air amusé.


"Grazziano, tu es un joueur... Est-ce que tu ne vivrais pas seulement quand ta vie est en danger ?"

Iago souriait toujours, il n'attendait aucune réponse, il parlait plus pour lui-même que pour Ugo.
D'un geste nerveux de la main il balaya tout cela et se leva en une détente souple.


"Tu as tout à fait raison sur le conseil que je te donnerai, il faut toujours laisser les fantômes poussiéreux aux placards. Ou alors il faut danser avec lors d'un bal pour pouvoir choquer la compagnie. Mais c'est assez peu faisable en fin de compte, puisqu'il est relativement difficile de trouver un fantôme en chair et en os, ou du moins en chiffon et en cendre, ou en je ne sais quelles matières qui constituent les fantômes..."

Iago était en train de remettre le fauteuil en place, dans un mouvement d'inconscience, de suractivité ou de bonté envers les domestiques (la dernière hypothèse étant la moins vraisemblable).
Quand il eut finit, après un dernier petit effort (c'est que les fauteuils sont des choses lourdes et massives et souvent de mauvais goût) il s'accouda une fois de plus dessus en continuant sa logorrhée.


"Quant à faire pâlir d'envie notre chère Princesse, c'est là chose facile et difficile.
Difficile parce qu'elle se pare tellement elle-même que lui montrer un objet pour la possession duquel elle n'aura pas déjà fait les innombrables démarches plus ou moins avilissantes, devient un exploit inouï.
Facile parce que l'Envie est un des moteurs principaux de sa petite tête. Il suffit d'agiter devant ses yeux un objet brillant et inconnu pour la voir pâlir...
Bref..."

Nouveau mouvement balayant des mains.
Iago s'était avancé et posait les mains sur les épaules d'Ugo, avec un air ironiquement dramatique.


"Torero, il est temps pour toi d'entrer dans l'arène, va enfiler ton habit de lumière et sois tel que tu es toujours : brillant."

Le masque tragique se brisa subitement en un grand sourire.

"Trêve de bavardage de ma part, ce que bien sûr je ne tiendrai pas, je crois qu'on approche de l'heure que tu avais fixée pour rendez-vous avec ta troupe fidèle. Je ne sais pas si Matteo viendra, il était, je crois, invité à une soirée. Si c'est la même, nous aurons une fois de plus affaire à une coïncidence du pire mauvais goût théâtral.
Pardon, je recommence le bavardage.
Je composerai l'arrière garde sans doute. Il faut d'abord que je médite aux caractères éphémères des choses d'ici bas si je ne veux pas être trop infect ce soir."

Il s'attrapa soudain de la main droite en tirant sur son propre col et se mit à avancer vers la porte comme si c'était sa main qui le forçait à aller dans cette direction.

"Je me jette moi-même hors de la pièce pour que tu puisses être enfin efficace et te préparer rapidement... A ce soir !"

Iago était presque sorti lorsqu'il fit brusquement demi-tour, marcha droit sur Ugo et le serra brièvement dans ses bras.

"Amuse-toi bien..."

Puis sans en faire plus (il en avait déjà fait beaucoup...) il se dirigea à grands pas vers sa chambre.

[Chambre de Iago]
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Coriolan
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleDim 22 Jan - 11:50

Resté seul, Coriolano répondit mentalement à son ami, dont il sentait encore l'étreinte.

*Bien entendu que je ne vis plus que pour le danger. Après ce qui s'est passé, comment peux-tu penser qu'il en soit autrement ? Je suis passé par ce que j'ai connu uniquement pour déployer mes ailes dans un grand acte insensé. Que j'y mette le feu ou pas n'a aucune importance. J'espère juste que les flammes ne se propageront pas dans tout Venise... Faisons en tout cas de notre mieux pour que tu ne sois pas déçu.*

Coriolano était redevenu l'exemplaire prince Di Grazziano lorsqu'il se dirigea vers la porte. Un habit de lumière... Oui, ce serait ce qu'il allait porter, mais un habit de lumières changeantes... A l'image des canaux de cette ville.

[Le Petit Salon]


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Lara del Core
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleMer 11 Oct - 18:23

[Appartements d'Inès di Grazziano]

Les pas fantomatiques de la jeune femme glissaient sur les élégants tapis du long couloir. Elle s'aventurait de tous côtés, cherchant la bibliothèque, véritable île aux sirènes, tentatrice...
Elle dut demander à un serviteur qu'elle croisa de la conduire là-bas.

Arrivée dans la pièce, elle resta éblouie devant le nombre d'ouvrages que celle-ci contenait. Tous ces livres... sorte de pomme d'Eve, objets de son désir, autre monde éblouissant.
Elle avait oublié les souvenirs mélancoliques de la journée, elle ne pensait plus au choc brutal de retrouver la Sérénissime et ses secrets. Perdue dans ce monde parallèle, elle s'approcha presque craintivement de ces oeuvres splendides.

Son énergie habituelle reprenait le dessus, se transformant en frénésie. Les yeux de Lara, véritable miroir de ses sentiments, avaient pour la première fois de la journée un éclat de vie. Le palais, au fur et à mesure qu'elle le découvrait, l'étonnait de plus en plus... elle pouvait presque sentir la présence d'une personne cultivée, à l'esprit raffiné, et presque trop artistique pour l'aristocratie vénitienne. Brodait-elle? Où étaient donc passées la rancoeur, la haine envers les nobles? Ce nouvel univers qu'elle commençait à connaître l'effrayait à travers sa bonhomie apparente.
Tout se dissolvait... comme si tout n'était qu'un nouveau début...

Combien de temps resta-t'elle là debout, sans trouver le courage d'enfreindre règles, protocoles et conventions et de découvrir les trésors de la bibliothèque...
Le destin avait rempli sa journée de tant d'émotions... tout n'était pas fini. Tout n'était SUREMENT pas fini.

Son regard se porta sur la lagune, sur les canaux infinis de Venise, tourbillonants, porteurs de vie... et porteurs de mort.

Mais le temps des regrets était passé. Il fallait agir maintenant... non plus se morfondre sur son passé, il lui fallait affronter le futur... et vaincre. Un sourire à peine esquissé prit forme sur ses lèvres parfaites.


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Iago degli Albizzi
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleLun 16 Oct - 22:51

[Le palais Adorasti - la terrasse donnant sur la salle de bal]

Iago était revenu, se demandant où était passé Elio, où était passé Ugo. L'un et l'autre étaient sortit du palais juste avant lui, mais il n'avait aucune idée de là où ils avaient pu filer. Peu importait, il avait assez vu de personnes comme ça pour la soirée.

Il était arrivé discrètement par une entrée arrière du palais (il aimait cette liberté), avait chipé une bougie à la cuisine et s'était dirigé sans hésiter vers la bibliothèque. Il y avait quelques livres qu'il avait envie de relire.

La bibliothèque était devenue très obscure, et Iago, prêtant autant d'attention à son entourage qu'un papillon à une suite algébrique, ne remarqua pas la forme immobile de Lara.
Il entra en sifflotant un air démodé (Iago ne se laisserait jamais aller à siffloter un air à la mode...), posa le bougeoir sur une table, tourna autour de lui pour se souvenir de là où étaient rangés les livres qu'il cherchait... et aperçut enfin Lara.

Il s'arrêta brusquement, reprit son bougeoir, fit trois pas vers l'être humain qui se trouvait être une jeune femme (une jeune femme, encore une, décidément, elles pullulaient dans ce palais...), releva la flamme de la bougie de manière à ce qu'elle éclaire le visage de son vis-à-vis.
Un visage assez peu intéressant. Le genre de beauté presque parfaite que l'on voit sur tous les tableaux et dont on se lasse très vite. Rien à remarquer somme toute.

Ce que Iago n'imaginait pas encore, c'est que son visage à lui, éclairé avec violence par la bougie, devait avoir l'air un peu effrayant. D'autant qu'il leva un sourcil interrogateur et tordit un côté de ses lèvres en un rictus, pour parler avec la brusquerie ironique qui était la sienne.


"Et vous êtes qui, vous ?"
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Lara del Core
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleJeu 19 Oct - 18:53

Lara, plongée dans ses rêves lointains, avait légèrement sursauté quand elle avait entendu ces quelques notes sifflotées.
Quand son regard rencontra finalement celui de l’homme à travers la flamme vacillante, elle vit qu’il l’observait d’un air sceptique.
Un personnage hors du commun, décidément… ce rictus, cette brusquerie désemparente, cet air désormais oublié… tout ceci était bien en dehors des schémas de la bienséance et du comportement aristocratique.
Raison pour laquelle ce grotesque personnage lui plaisait. Cette spontanéité naturelle si rare à Venise lui faisait plaisir.

Elle put deviner facilement le résultat de son observation. Il la trouvait sûrement insignifiante, sans caractère. Les yeux bleus de Lara se remplirent d’un éclat orgueilleux.
Cette journée est vraiment folle, pensa t’elle. Tout le contraire de ce qu’elle avait imaginé… au lieu de se rabaisser et de jouer un rôle de second plan comme elle voulait le faire, son orgueil reprenait le dessus et son envie de se montrer réelle, pour une fois, ressurgissait.
Cependant elle n’était pas vraiment vexée par son regard si peu intéressé… à dire vrai, elle le comprenait. Elle savait pertinemment que la beauté était une arme mais que tous n’y étaient pas sensibles… et puis, pour se trouver à cette heure tardive dans la bibliothèque, visiblement revenu de la ville, il devait être intelligent, ou du moins, cultivé…

C’était surtout ce regard direct, sans détours, qui avait marqué Lara. Bref, une énième rencontre intéressante. De qui pouvait-il s’agir ? Il n’avait ni l’aspect, ni les manières d’un di Grazziano… peut-être s’agissait-il d’un secrétaire, d’un intendant ? Mais il semblait trop désinvolte pour cela… il semblait vraisemblablement à son aise, chez lui dans l’immense palais.

Toutes ces réflexions s’enchaînèrent l’une après l’autre, retardant le temps de la réponse de la jeune femme. Le silence qui s’était installé n’était cependant pas gênant mais presque naturel. Mais enfin, il fallait bien qu’elle lui réponde…


« Mon nom est Lara… je suis… »

Pause. Blocage. Arrêt net. Malgré toute sa bonne volonté, les mots « la cousine du prince » ne voulaient pas franchir ses lèvres couleur corail. Elle n’y arrivait pas, tout simplement. Pas en ce lieu, pas en ce jour, pas en cet instant… et puis, sûrement il n’en était nullement intéressé. Elle ne voulait pas mentir, pas déjà, pas toujours... Cherchant quelque chose à dire après cet arrêt plus ou moins involontaire, la phrase qui lui sortit spontanément résonnait sincère.

« C’est magnifique de voir autant d’ouvrages… autant de culture, de richesses dans cet endroit… ne trouvez-vous pas ? »

Phrase dénuée de toute profondeur, banale, anodine, mais il fallait bien trouver quelque chose.

« Puis-je vous demander votre nom, messer ? »

Comment cet appellatif ridicule lui était venu à l’esprit, elle ne le savait pas non plus. Mais elle trouvait que ce titre ironique, pompeux mais avec un certain style, seyait à merveille au personnage.
De plus, elle sentait que l'idiote adulation ne lui serait pas utile.
En cet instant, en ce moment précis, elle décida qu'elle voulait faire de cet homme un allié. Un allié sur ce parcours semé d'embûches... projet ambitieux, Lara...


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Iago degli Albizzi
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleSam 21 Oct - 0:48

Iago resta un instant silencieux, toujours un peu penché en avant vers la jeune fille, un sourcil levé. Il attendait visiblement de voir si vraiment plus aucune parole n'allait sortir de la personne en face de lui et son air disait clairement "c'est bon, vous avez fini ?".
C'était un air assez peu poli.

Après avoir étiré ce silence un peu plus longtemps qu'il n'est nécessaire et confortable, Iago reprit la parole, mais d'une voix qui imitait celle de Lara. Juste avec beaucoup plus de mordant.


"Votre nom est Lara... vous êtes..."

Il eut un sourire qui en disait long sur le peu de compassion qu'il éprouvait pour la femme en face de lui. Il n'était pas le genre de personnage à éviter de relever les faiblesses des gens autour de lui. Au contraire...
Il continua de sa voix normale, sur le ton rapide, ironique et sans appel qui était celui d'une conversation normale selon lui.


"Oui, bien sûr... Vous êtes un prénom et pas grand chose de plus, c'est ça ? Je vois... Mon nom à moi, vous pouvez toujours le demander, mais il n'est pas dit qu'il vous sera donné. D'ailleurs, je ne vois pas ce que vous pourriez en faire, il ne vous irait pas du tout. Trop exigeant sans doute pour vous. "Lara" ça vous va bien. C'est court et ça s'oublie vite."

Nouveau sourire carnassier. Iago leva sa bougie afin d'éclairer le reste de la pièce en continuant de parler.

"Et pour votre éducation, je ne trouve pas que ce soit magnifique de voir autant d'ouvrages, de culture et de richesse dans cet endroit. C'est tout à fait normal. Si l'héritier des Grazziano n'avait pas une bibliothèque telle que celle-ci, cela voudrait dire que le monde civilisé est proche de sa destruction. Ce qui ne serait pas une si mauvaise chose.

Et puis vous mélangez tout. Le nombre d'ouvrage n'a rien à voir avec la culture. Cette bibliothèque est remplie de choses inutiles. L'imprimerie a été la plus grande catastrophe qui soit arrivée au monde. Elle est la cause de l'invasion combinée de la culture par des auteurs ineptes et des lecteurs à l'esprit débile. On imprime beaucoup trop de choses d'une faiblesse..."

Iago qui tout en parlant n'avait pas cessé de balayer du regard les rayons s'arrêta brusquement.

"Ah le voilà..."

Il se dirigea de sa démarche de funambule vers un point précis et sortit rapidement un petit ouvrage. Il l'approcha de la flamme pour vérifier qu'il s'agissait bien du livre qu'il cherchait puis se dirigea vers la porte.

Ce n'est que lorsqu'il l'ouvrit et qu'il s'apprêta à partir qu'il sembla se souvenir de la présence de Lara. Il se retourna, une main sur la poignée, et dit avec un sourire déformé par la lumière de la bougie, levée à la hauteur de son visage :


"Et bien... "Lara"... Nous pourrons toujours reprendre cette conversation quand vous saurez formuler vos propos avec justesse et que vous aurez appris à penser de manière sensée. Au revoir..."

Une petite courbette ironique, et Iago repartit tel qu'il était venu. N'ayant plus envie de rester dans le palais où il risquait de rencontrer d'autres personnes comme "Lara", il ressortit par une des petites portes arrières.
Combiner la lecture et l'air glacial de la nuit était idéal...


[Eglise San Siriano - Le parvis]
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Lara del Core
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleMar 31 Oct - 17:02

Un éclair. Le temps d’un éclair avant qu’elle n’assistât au départ grotesque de Iago.
Tout ce qu’il lui avait dit retombait sur elle. Comment s’était-il permis de la calomnier ainsi ?
La jeune femme bouillait d’orgueil blessé. Elle était révoltée par cette sincérité si brusque qu’on lui avait déballé en plein sur la figure.

Elle eût aimé riposter… elle eût aimé lui dire qui elle était, pourquoi seul son "prénom" avait de l’importance… préférait-il savoir qu’elle était l'inconnue cousine du prince ? Non, sûrement… alors que cherchait-il à part l’humilier ?

Lui, si riche visiblement, si ancré dans la noblesse à en ressortir avec une désinvolture incroyable. Oh, pour lui il était simple de se pavaner derrière un nom pompeux, mais il ne pouvait pas savoir qui elle était…

Elle eût aimé le lui dire, le lui crier en face, pour voir cette étincelle de surprise…
Tout était faux… les noms, les titres, tout. Il ne fallait au destin qu’un coup de tempête pour renverser la frêle balance sur laquelle il se trouvaient les deux.

Lui en haut, évidemment. Si noble… mais si misérable.

C’était une chance, après tout, qu’il se fût retiré si brusquement. Lara ne voulait pas se dévoiler, pas pour le moment. Elle ne voulait pas être sincère, et il l’obligeait à lui répondre sincèrement. Maintenant que la colère noire s’estompait un peu, elle se rendit compte que cela lui avait servi de leçon. Les nobles étaient comme ça… soit ils se moquaient de vous, vous faisaient peser votre infériorité, soit ils jouaient les hypocrites.
Misérables… le mot était juste. Mais elle-même alors ? N’était-elle pas misérable, elle aussi ?

Non. Elle le savait. Parce que malgré ce que pouvait en dire monsieur l’arrogant, elle était cultivée mais surtout elle avait un but. Peu de personnes avaient un but, un réel but. Elle oui. Et elle allait tout faire, tout ce qui était possible, pour y arriver. Quitte à périr s’il le fallait. Périr pour la quête. Cela résonnait assez comique, ressemblant à une de ces grandes fresques médiévales, ou faisant penser à des nouveaux Thésées combattant le Minotaure… mais ce n’était nullement comique. Toute la vie n’était qu’une grande tragédie… il avait raison, la destruction du monde n’aurait pas été une mauvaise chose. Tout semblait empirer…
Thésée… elle n’aurait pu choisir d’exemple plus approprié. Thésée à la double face, Thésée trahissant Ariane, Thésée et la voile noire…

Ses pensées la dérangeait. Iago était réussi à la remettre dans un état de confusion, comme après la rencontre avec Alessandro. Elle était trop fragile… elle devait se renfermer dans la coquille, comme la tortue, et ne pas réagir aussi impulsivement…

Une cloche lugubre qu’elle n’aurait jamais pu oublier tant elle était ancrée dans sa vie quotidienne résonna en ce moment-même. Le couvre-feu… elle devait être restée longtemps à rêvasser, s’il était si tard. Elle ressentait la fatigue, maintenant qu’elle y pensait… l’immense envie de s’écrouler dans son lit et de ne plus penser à rien… le néant, le vide. Où les prénoms, les titres, la culture, la richesse, plus rien n’avait de sens.

Tout était bousculé, dans cet autre monde parallèle qu’était le sommeil. Et puis les masques… ne s’agissait-il pas du même effet ? Ils faisaient tout oublier, déroutants, irréels, pâle semblant de démocratie…

Oui, la théâtralité des masques lui plaisait terriblement. Mais pour l’instant, il lui suffisait d’aller se coucher…

La nuit était noire, Venise était tranquille, quand les pas de Lara résonnaient dans le couloir pour se rendre dans sa suite.


[Suite de Lara Del Core]


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Ines di Grazziano
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleJeu 16 Nov - 0:37

[Mercredi 5 Février 1744 Premier Post du Jour]

Inès avait passé une matinée agréable ; son voyage de la veille l’avait assez fatiguée pour qu’elle dorme longtemps d’un sommeil profond et elle s’était réveillée bien après le levé du soleil, d’une humeur admirable.
Après avoir passé, comme toute bonne coquette, un temps assez considérable à soigner sa toilette et à faire ses ablutions, elle avait sonné qu’on lui apporte son déjeuner et avait profité du reste de la matinée pour mettre de l’ordre dans ses effets. Il lui aurait peut-être fallu écrire à quelques personnes à Naples, pour les informer de son arrivée, où encore s’enquérir de la santé de telle ou telle connaissance… Mais la jeune femme était guidée par l’envie de profiter pleinement de la liberté que lui offrait la Sérénissime ; et cela commençait par oublier pour un moment les quelques obligations qui la rattachaient encore à Naples.

Elle était descendue dans l’idée de trouver son cousin, pour s’acquitter avec plaisir des règles de la bienséance en le saluant, chose qu’elle n’avait pu faire la veille au soir. C’était toujours dans cette optique qu’elle avait fureté dans le hall, amusée de découvrir la maison au gré d’une recherche ludique, puis qu’elle avait pénétré par hasard dans la bibliothèque du palais.

Ce fut après avoir fureté un peu entre les rayons que sa quête s’acheva puisque, par une des grandes fenêtres de la pièce qui donnaient sur le jardin endormi par l’hiver, elle aperçut deux silhouettes dont l’une lui était familière. Haute taille, port altier, cheveux blonds et mine joviale, elle reconnut rapidement son cousin et il lui sembla le retrouver alors qu’ils n’avaient pas encore quitté Naples. Le personnage qui l’accompagnait semblait, lui, moins connu, et nettement plus féminin. Inès observa un long moment l’inconnue, essayant de découvrir d’où lui venait cette impression de déjà vu causée par les boucles noires et la taille fine ; la réponse lui vint sous la forme d’un éclair bleu de Prusse illuminé par la flamme d’un chandelier. Bien sûr… La Donna de Luca, qu’elle avait rencontrée la veille au soir. Une femme qui lui avait laissé une impression agréable, bien qu’un peu solennelle.

La Napolitaine hésita un instant à briser la distance qui la séparait du couple pour aller saluer chaleureusement le prince Grazziano ; cependant, un vieux reste de réserve la retint… C’était une des choses dont elle devrait se débarrasser au plus vite ; mais après tout, elle s’en serait voulu de rompre la quiétude de retrouvailles par sa présence, quand bien même elle avait également très envie de revoir son cousin, satisfaisant par là-même à la bienséance.

Une fois n’est pas coutume, la raison et la retenue l’emportèrent, et elle détourna le regard vers les grands rayonnages emplis de livres pour s’en approcher en silence.
Eh bien… l’entretient entre le prince et l’aventurière pouvait bien durer toute la journée, elle aurait de quoi s’occuper !
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Coriolan
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleVen 17 Nov - 0:30

[Le jardin - La Roseraie]

Inès n'eut sans doute pas le temps de choisir le livre qu'elle désirait lire dans la grande bibliothèque, avant que la porte donnant directement sur le jardin ne s'ouvre, et qu'entre Coriolano.

"Très chère Cousine ! Comment vous portez-vous ? J'étais navré de ne pas vous avoir vue hier au soir. Je n'ai pas osé vous déranger. Quelques contretemps..."

D'un geste de la main, Coriolano balaya les circonstances qui l'avaient tenu hors de son palais si tard la veille. Il reporta son regard toujours insaisissable sur la jeune femme en face de lui et eut un sourire joyeux.

"J'ai un nombre infini de questions à vous faire. Avez fait un bon voyage ? Est-ce que la chambre est à votre goût ? N'avez-vous pas été dérangée par un vacarme terrible cette nuit ? Savez-vous que j'attends Bianca ainsi que son mari pour le souper ? Quelles nouvelles de votre côté ?
Vous avez le droit de répondre dans l'ordre qui vous convient le mieux..."

Coriolano devait ressembler beaucoup à l'adolescent qu'il était lorsqu'il discutait avec sa cousine lors des longues et ennuyeuses réceptions familiales.


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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleVen 17 Nov - 1:10

Inès était tournée vers les rayonnages, inspectant les tranches des épais ouvrage dans l’espoir d’en trouver un qui lui convienne, quand un courant d’air frais vint lui balayer les épaules, bientôt suivi d’une voix chaude et chantante. La jeune femme se retourna pour voir son cousin entrer par la porte donnant sur le jardin, et jeta malgré elle un petit regard au travers de la fenêtre, recherchant en vain Annavera de Luca qui, quelques instants auparavant, tenait compagnie au prince.
Constatant l’absence de l’aventurière, elle se retint à grand peine de reprocher gentiment à son parent d’avoir brisé trop promptement son entretient avec une si charmante personne. Elle se retint néanmoins, une nouvelle fois bridée par une retenue bien rare chez-elle, et se laissa aller à la joie de revoir le jeune homme ; qui lui paru un instant la ramener tout droit dans les salons mondains de Naples.


«C ‘est un plaisir de vous revoir enfin ! Je ne puis vous en vouloir… j’étais moi-même bien trop lasse hier au soir pour tenir salon décemment… Une de vos hôtes en aura d’ailleurs fait les frais. » Annonça-t-elle avec un sourire.

Elle écouta la tirade d’Ugo sans l’interrompre, d’abord avec plaisir, puis avec un franc amusement, et enfin dans un état proche du ravissement. Ainsi certaines choses pouvaient ne pas être amenées à changer… Ainsi, même ici, entre les murs de la grande Venise, elle pouvait retrouver des repères rassurants ? Elle se sentait comme une enfant retrouvant un jeu oublié depuis trop longtemps et ce fut d’une voix douce et espiègle qu’elle répondit à son cousin.


« Mon Dieu, que de questionnements ! Il ne faudra pas m’en vouloir si je vous fais répéter… Voyons… tout d’abord le voyage fut fort long et d’un intérêt assez relatif. Mais il faut bien en passer par-là pour aller de Naples à Venise n’est-ce pas ? La chambre était, du moins hier soir, merveilleusement à mon goût puisqu’elle comportait alors un lit confortable et de quoi faire ma toilette, soit exactement ce dont j’avais besoin. Je m’y suis un peu attardée ce matin et elle m’a semblée fort agréable.
Voyons qu’y avait-il d’autre… Ah oui ! Alors j’aurais l'honneur de revoir votre sœur et de rencontrer son mari ? » Son sourire parut se crisper légèrement à l’évocation de cette union. « Eh bien, ce sera un véritable plaisir ; Vous savez que j’apprécie beaucoup Bianca ! Quand arrivent-ils ?
Et… qu’aurais-je du entendre hier soir ? Le palais s’est-il fait assiéger durant la nuit ? »
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleVen 17 Nov - 2:20

Mercredi 5 Février 1744 Premier Post du Jour


Raffaele s'était éveillé tard. Ou plutôt avait été reveillé par le bruit qu'avait causé une petite servante en se trompant d'appartement.

Elle avait été accueillie par un grondement, presque un feulement de rage qui l'avait renvoyée précipitamment dans le couloir pour éviter la botte lancée à son visage et l'injure qui l'accompagnait.

Puisqu'il n'était pas la peine de chercher à se rendormir avec le vacarme incroyable que faisaient les serviteurs, le jeune homme s'était levé, avait fait sa toilette et s'était habillé, seul puisqu'aucun valet n'avait daigné répondre à son coup de sonnette. Il était allé récuperer sa botte pres de la porte en maugréant une nouvelle fois.

Puis la faim l'avait fait sortir du bois. De ses appartements en l'occurence.

Faisant sonner le talon de ses bottes sur les parquets cirés, il s'était mis en devoir de trouver les cuisines. Cela n'avait pas été tres long, le garçon possédant un sens inné de la survie en milieu hostile.
Il avait investi les lieux, faisant fuir les petites bonnes devant lui en les regardant sous le nez d'un air sévère, puis s'était emparé d'un petit pain doré et d'une pomme aussi rouge que son pourpoint. Croquant l'un en lustrant l'autre contre sa manche, il avait plongé un regard ravi dans le corsage d'une servante occupée à plumer une oie avant de sortir à reculons
.

"Activez-vous, le Prince est hors de lui devant votre fénéantise, il me l'a dit tout à l'heure et vous risquez d'être tous remplacés sous peu !" Avait-il tonitrué les yeux brillants en quittant la pièce.

Puisqu'il était encore tôt, une horloge dans les communs venait de sonner les onze heures, il lui fallait trouver un peu de distraction et puisque la seule chose qui ne l'ennuya jamais était un bon livre il se mit en quête de trouver la bibliothèque.
Il ouvrit plusieurs portes au hasard et chaque fois le même décor un peu vieillot qui avait besoin à son goût d'un renouveau. Il toisa plusieurs ancêtres dont les visages sévères semblaient le juger du haut de leur cadre doré, et finallement, une des portes l'amena là où il le désirait.
Murs entiers où s'alignaient, du sol au plafond, comme de gentils petits soldats tous les trésors litteraires dont on pouvait réver. Et là, au milieu tronait un délicieux petit sofa flanqué de ses deux bergères tandis qu'un peu partout des petites consoles soutenaient une débauche de candélabres.
Tout à fait le genre d'endroit qu'il affectionnait.
A condition de s'y trouver en totale tranquilité.
Ce qui était loin d'être le cas puisqu'un coup d'oeil sur le coté lui révèla la présence malvenue de son frére et d'une dame.

Il croqua dans la pomme et laissa la porte se refermer avec bruit derrière lui.

Puis, sans saluer ni l'un ni l'autre, il alla s'installer dans un grand fauteuil derrière une longue table de travail encombrée de volumes ouverts et du nécessaire à écrire sur laquelle il posa le talon de ses bottes croisées. Se reversant un peu dans le fauteuil, il se saisit de l'un des livres qu'il ouvrit et fit mine de parcourir
.

"Ma foi" Laissa-t-il tomber d'une voix où transparaissait un semblant d'étonnement "Je pensais trouver ici une bibliothèque vouée au travail et non pas un ouvroir destiné aux cancannages et autres discussions de salon."
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Coriolan
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleVen 17 Nov - 2:40

Coriolano avait commencé à répondre sur le même ton.

"Et bien, dès que le médecin en aura donné l'autorisation. Dès que possible. Quant au vacarme, ce n'était pas un siège, mais..."

A ce moment là, la porte s'ouvrit pour laisser entrer une tête blonde, croquant avec effronterie une pomme, et s'installant avec la même effronterie sur la table de travail. A proprement parler "sur la table de travail", étant donné que les bottes que l'on avait pu entendre sonner à travers la pièce dans le silence de la phrase qu'avait interrompue Coriolano, étaient posées avec arrogance sur l'écritoire.

Coriolano sourit, et levant un sourcil amusé continua pour Inès.


"Ce n'était donc pas un siège, mais mon frère, sa Seigneurie le Prince Raffaele, qui a décidé de se joindre à nous et de séjourner à Venise. Vous qui avez, très chère Cousine Inès, la tête raisonnable et bien faite, contrairement à lui, vous ne l'avez sans doute pas oublié, ni lui, ni ses entrées spectaculaires et parfois bruyantes..."

A vrai dire, vu les relations que les circonstances avaient fait naître entre eux à un moment de leur vie, les chances que l'un et l'autre se soient oubliés étaient minimes. Mais Raffaele pouvait faire preuve d'une mauvaise volonté entêtée parfois et ne pas avouer que l'on reconnaît vaut la même chose que ne pas reconnaître...


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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleSam 18 Nov - 1:28

Inès eut un léger froncement de sourcil en entendant son cousin mentionner un médecin. L’un des époux Adorasti aurait-il un problème de santé ? L’hiver les avait-il rendu victime d’une mauvaise grippe ou… Ce pourrait-il que Bianca soit enceinte ?
Elle n’eut malheureusement pas le temps de questionner le jeune homme à ce sujet, ni, d’ailleurs, de savoir ce qui aurait dut la réveiller la nuit passée ; la porte de la bibliothèque claqua dans son dos, se refermant derrière un personnage qui ne prit pas la peine de les saluer, elle ou le prince.
Un personnage a la longue chevelure blonde à peine retenue sur sa nuque, à l’attitude désinvolte, aux bottes luisantes, qui décrirent un gracieux arc de cercle en se décollant du sol pour se poser sur une longue table de travail. Un personnage qui lui était familier, trop familier à son goût, et qu’elle devinait responsable du dérangement dont avait parlé Ugo.
Dieu, elle aurait tant préféré que ce fût un siège…

Les traits de la jeune Grazziano s’étaient figés dans une expression de profonde surprise mêlée de contrariété. Elle regardait le nouvel arrivant comme s’il s’agissait là d’un événement totalement décalé et incongru, tentant de cerner ce qui la dérangeait dans son entrée, pourtant si représentative du caractère.
Reportant son regard sur Ugo, elle se détendit et esquissa un sourire encore un peu contrit, pour lui répondre d’une voix plutôt amusée.


« Allons, c’est un beau compliment que vous m’adressez-là, je ne suis pas sûre que tous s’accordent à dire que j’ai la tête si bien faite. Je puis cependant vous assurer que je n’ai en effet absolument pas oublié Monsieur vote frère. Je suis d’ailleurs persuadée qu’après l’avoir rencontré, peu de gens pourraient l’effacer de leur mémoire…. A commencer par vos femmes de chambre.»

La dernière phrase avait été prononcée un peu plus bas, alors qu’elle observait les deux bottes de cuir ostensiblement posées sur le meuble. Elle releva la tète vers le cadet des princes et fit une légère révérence pour lui rendre le salut qu’il ne lui avait pas fait.

«Croyez bien que je suis aussi surprise que vous de vous revoir en un endroit pareil. Je suis cependant charmée de vous retrouver. »

*Cela prouve au moins que nous avons pu nous quitter.*
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleSam 18 Nov - 21:10

Levant le nez de l'ouvrage, il dévisagea la jeune femme d'un regard indifférent puis baissa à nouveau les yeux vers le livre dont il tourna quelques pages.

"Hmm me revoir... Il se peut qu'en effet nous nous soyons croisés dans quelque salon et que cela suffise à vous faire croire que nous nous connaissons. Pour ma part, rien dans votre mine n'a dû attirer alors mon regard. Cousine dites-vous ? A quoi cela sert-il une cousine, à part croiser ses premières armes ?"

Le regard du jeune prince revint sur le visage d'Ines qu'il quitta pour glisser sans équivoque sur son décolleté alléchant et sa taille fine.

"Evidement, ces temps d'innocence sont passés et pour moi et pour vous... Du moins je vous le souhaite, au vu de ce que je devine de votre âge."

Un sourire empreint de gourmandise vint souligner l'expression de ses yeux dont le bleu s'illuminait de malice. Il posa le livre et se redressant il plia la jambe, appuyant le creu de sa semelle contre le bord de la table. Son bras posé sur le genou, il se pencha un peu en avant, cherchant le regard de la jeune femme.

"Bien entendu, il est toujours temps de faire feu. Et je vous connaîtrai avec un plaisir certain, si seulement vous me fournissiez l'occasion de faire rosir ce teint de porcelaine qui est le vôtre. Et je gage qu'à ce moment là vous pourrez dire en toute bonne fois vous souvenir de moi."

Il avait jusque là ignoré ostensiblement Ugo pour ne s'intéresser qu'à Ines et à la fin de sa phrase tourna son regard vers lui. Sa voix s'adoucit jusqu'au miel.

"A moins bien sûr que mon cher frère, ici aussi, soit premier sur le rang."
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleDim 19 Nov - 0:22

Coriolano eut une moue exprimant clairement son doute quant à l’intérêt des paroles échangées entre son frère et sa cousine. Il posa brièvement sa main sur le bras d’Inès, sans la regarder, afin d’apaiser l’indignation naturelle que la jeune femme pouvait éprouver aux paroles de Raffaele.

Mais lorsqu’il prit la parole, il était loin d’avoir le ton d’un moraliste indigné. Il n’y avait que le léger ennui de celui qui ne trouve pas cela très amusant.
Quant aux insinuations portées directement contre lui, elles étaient tellement absurdes que Coriolano préféra les mettre sur le compte de la provocation gratuite de la jeunesse contre l’autorité, et faire comme si elle n’existait pas.


"Je vous en prie, mon frère, laissez là ces sous-entendus dignes seulement d’un âge révolu… Vous qui placez si bas tout ce qui est venu avant vous, ne voulez-vous pas être moderne et mettre un peu de bienséance dans vos propos ?
Certainement qu’avec l’esprit d’observation que vous avez, il ne vous aura pas échappé qu’une femme a un esprit comme vous, et parfois plus que vous.
Même si je reconnais, qu’en la situation présente, Cousine, c’est vous qui avez commencé…"

Coriolano arborait un léger sourire. Il avait bien entendu le "à commencer par vos femmes de chambre". Il n’avait rien dit, mais une ombre rapide était passée sur son visage. Il n’aimait pas que l’on parle avec tant de légèreté de son frère.
Raffaele avait beaucoup de défauts, à n’en pas douter, et il ne faisait rien pour démentir ceux qui le disait. Au contraire, par ses propos inconsidérés, il contribuait grandement à construire une réputation sulfureuse autour de sa personne.
Il n’en restait pas moins qu’il était son frère, et que les paroles basses comme celles murmurées par Inès étaient une injure faite à quelqu’un de proche de lui.

Il était resté impassible parce que Raffaele n’avait rien dit, et qu’il n’y avait personne d’autre dans la salle, mais quelque chose en lui avait noté cette réflexion, et il savait qu’il lui faudrait faire attention à ce que dirait Inès, quitte à lui en toucher deux mots s’il s’avérait qu’elle persistait dans ce genre d’affirmations injurieuses.

Mais il n’était pas question, à l’heure des retrouvailles, de s’enferrer dans une conversation aussi déplacée.


"Mais laissons de côté ces plaisanteries douteuses. Avez-vous bien dormi, mon frère ? Plutôt, avez-vous vous déjà préparé la liste de vos doléances, que je puisse au plus tôt demander à Monsieur l’Intendant de tâcher de réparer les tords majeurs, à n'en pas douter, perpétrés à votre égard par l’indigence de mon accueil ? "

Sa voix était clairement pleine d’humour. Il savait qu’il n’obtiendrait pas de réponse positive de la part de son frère et préférait passer immédiatement à l’étape suivante du raisonnement.
Comme pour rester dans la légèreté de la plaisanterie, il ajouta pour Inès.


"Le Prince Raffaele a toujours été extrêmement délicat. Bien plus délicat, d’ailleurs, que sa sœur, Bianca… "

A peine avait-il prononcé le prénom de sa sœur, que revint à sa mémoire le fait que la matinée était bien avancée et qu’elle n’était toujours pas là.

"…qui tarde d’ailleurs à venir…"

Son visage s’était subitement assombri, et son regard partit errer dans le jardin. Et si elle ne venait pas ? Et si le médecin décidait qu’il valait mieux faire plaisir au mari qu’au frère, et interdisait à sa sœur de venir ?


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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleMer 22 Nov - 0:28

Face au discours de Raffaele, le visage d’Inès passa de la froide indifférence à l’étonnement le plus total ; Ses yeux de jade s’écarquillèrent alors que ses lèvres s’écartaient en un « o » d’étonnement muet.
Sa première volonté fut de saisir l’ouvrage le plus lourd de la bibliothèque pour le lancer de toutes ses forces à la tète de son cousin, espérant ainsi faire taire son babillage grossier, mais cette impulsion fut cependant atténuée par la stupeur, et tout à fait étouffée par le respect de la jeune femme pour Ugo. Et alors que son esprit cherchait un moyen discret et convenable de précipiter le plus jeune des deux princes dans un canal, une main chaleureuse posée sur son bras la ramena avec sûreté à la réalité.

Oui cette scène était ridicule, et les chamailleries entre les deux parents parfaitement frivoles, même si la Napolitaine estimait que ses raisons pour ne pas tenir plus que cela à la compagnie de ce cousin là étaient plus que valables.

« Même si je reconnais, qu’en la situation présente, Cousine, c’est vous qui avez commencé… »
Inès baissa la tète avec une moue, comme un enfant qu’on dispute. Elle aurait aimé, à cet instant, retourner au temps de l’innocence pour pouvoir se dégager de toute accusation en claironnant bien haut que « ce n’était pas sa faute » ou en criant à l’injustice. Comme il était regrettable qu’une jeune femme de son age soit condamnée à affronter les exigences des adultes !
Le sourire et la lumière revinrent cependant bien vite sur son visage alors que, s'égarant dans ses pensées, elle songeait que la verve de Raffaele trouverait une utilité à animer quelque peu les salons mondains trop rébarbatifs. Il lui faudrait trouver un moyen pour obliger le jeune homme à l’y suivre…

L’esprit vif de la Napolitaine passait ainsi d’une réflexion à l’autre, élaborant les situations les plus grotesques et les tableaux les plus drôles avant que son attention ne se repose enfin sur la conversation, comme elle décelait dans le ton du prince Grazziano une pointe d’inquiétude à l’évocation de Bianca.


« Vous avez parlé d’un médecin tout à l’heure.
Mademoiselle, » Inès marqua une pose, se reprenant d'un ton inquiet. « Madame votre sœur est-elle malade ? »
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleMer 22 Nov - 1:40

Raffaele fixait d'un air intéressé le visage d'Ines tandis que derrière la façade sans expression qu'elle affichait s'élaboraient nombre de pensées et de réflexions dont il n'avait pas connaissance. Tout ce qu'il voyait était une physionomie discrète, encore teintée d'enfance malgré l'age qu'il estimait avancé. Bientôt la cousine Ines ne serait plus consommable et elle n'avait pas l'air de s'en rendre compte, affichant de ridicules mimiques enfantines sous le reproche d'Ugo.
Aucune réponse ne vint à sa propre attaque, ni pleurs, ni rage, ni mine offusquée. Il avait espéré vaguement, sans trop y croire une répartie vive et fine mais non. Rien.

Il leva un sourcil et eut une moue de mépris
.

"Jolie potiche, sans intérêt autre que la décoration. Je n'en attendais pas plus et je comprends à présent pourquoi votre nom comme votre figure m'étaient sortis de la mémoire."

Il posa la pointe de sa botte sur le sol et se leva. D'un pas lent il vint se placer face à la jeune femme et ayant croqué dans sa pomme, il se pencha pour la regarder sous le nez.

"Eh bien Madame, êtes-vous vivante ? Seriez-vous une de ces poupées dont on s'amuse à remonter le mécanisme pour les faire jouer dans les salons ? Je ne vois point de clef et je ne crois plus avoir le goût à présent de trouver le ressort qui vous animerait."

Un sourire en coin tandis qu'il étudiait la physionomie de sa cousine en détail. Puis son examen terminé, il se tourna vers Ugo en souriant aimablement.

"Votre maison recèle certaines inutilités dont il faudra vous débarrasser, mon frère, si l'on ne peut point s'en amuser."

Il fit un pas sur le coté et tourna sur lui-même d'un geste élégant qui fit voleter les basques de son pourpoint écarlate tandis que de son doigt pointé sous la dentelle de sa manche, il choisissait un livre.

"Je vous remercie de vous soucier de mon logement et... ah celui-ci peut-être... Ah non encore des propos sans intérêt derrière une jolie reliure, je viens d'en souper merci bien... cet autre me semble mieux..." Il se tourna, le livre à la main, pour faire à nouveau face à Ugo. "Je saurais me contenter de ce que vous m'offrez, vous n'aviez point été prévenu assez tôt pour que je me montre exigeant."

La pomme s'envola pour atterrir dans une jolie chinoiserie posée sur une console.

"Cependant, un valet de pied me serait utile, si tant est qu'il ait une agréable mine bien sûr."

Il n'eut pas une parole pour Bianca dont tout le monde semblait s'inquiéter, les pamoisons des femmes l'ennuyaient et les entendre raconter par le menu n'étaient pas sa tasse de thé.
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Matteo Salvanti
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleMer 22 Nov - 4:58

[Mercredi 5 Février 1744 Premier Post du Jour]

Pendant la nuit, Matteo avait reçu la visite d’un Ange aux yeux dorés, qui s’était par la suite métamorphosé en enchanteresse rousse portant un panier de fleurs, fleurs qu’elle lui avait offert avec un sourire étrangement ironique avant de céder la place à Maître Barrozi en train de lui clamer des vers sur l’estrade des musiciens du Palais Adorasti. Lorsqu’il avait voulu offrir un verre de vin de Chypre au praticien, ce dernier – qui possédait à présent les traits de Romana Lacryma Baldini – lui avait déclaré être « déjà mort » avant de lui asséner des coups de coussin, puis l’enrouler dans un mouchoir gigantesque qui s’était resserré autour de sa gorge, menaçant de l’étrangler.

Le blond s’était éveillé en sursaut, une voix lui chuchotant à l’oreille que « Comme à cette fleur, la vieillesse fera ternir votre beauté ». Aveuglé par la lumière du jour qui baignait la pièce, il avait cligné des yeux un instant, les derniers souvenirs de son étrange songe s’effaçant de sa mémoire. Il s’était alors remémoré la journée de la veille, haute en couleurs, remplie d’évènements extraordinaires et de rencontres plus passionnantes les une que les autres, une expression joyeuse se peignant alors sur son visage. Même l’idylle malencontreusement interrompue par l’arrivée de la domestique n’aurait pu entamer son optimisme à toute épreuve. Cilio dell’Arbero ne perdait rien pour attendre, leur alliance pour le bien de la Ca’Grazziano n’était que partie remise…

Réalisant qu’il devait rendre compte de ses aventures au Prince, l’homme de main avait sauté hors du lit pour se diriger vers son cabinet de toilettes. Malgré sa hâte, il prit quelques instants pour soigner sa mise puiqu’il ne lui fallait tout de même pas paraître devant son maître dans une tenue peu convenable.

Une fois hors de sa chambre, une jolie servante l’informa qu’Ugo di Grazziano se trouvait dans la bibliothèque. Bien que tenté par la promesse de quelques plaisirs matinaux, Matteo renonça aux yeux doux de la demoiselle et se sacrifia sur l'autel du devoir. Cognant contre à la porte, il attendit patiemment qu'on daigne l'inviter à entrer. Il pouvait tout de même faire preuve de sérieux lorsqu'on en venait au Prince, quoique dans son cas, tout était relatif.
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Coriolan
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleMer 22 Nov - 20:33

Coriolano avait commencé à répondre à la question de sa cousine par un signe de tête négatif. Non, elle n'était pas malade. Il ne l'espérait pas du moins...

Il avait également écouté les bavardages de son frère d'un air blasé, mais néanmoins assez amusé intérieurement. Raffaele avait de l'esprit. Mal placé, certes, mais de l'esprit.

Il fut heureusement débarrassé de la corvée qui lui était imposée d'essayer de ramener un peu d'ordre et de civilité entre son frère et sa cousine par quelques coups frappés à la porte.

Il alla ouvrir et se trouva devant la figure de Matteo. Une figure encore un peu fatiguée, de celles que le jeune homme arborait lorsqu'il avait passé une nuit mouvementée...


"Ah ! Salvanti... Parfait, entrez..."

Coriolano ouvrit grand la porte et fit signe à Matteo de s'avancer dans la pièce avant de se tourner vers ses deux parents.

"Cousine, ce fut un plaisir de vous revoir. J'espère que vous verrez Bianca resplendissante de santé. Mais je pense que vous avez le temps, avant qu'elle n'arrive, de visiter ce palais, ou une partie de la ville...

Quant à vous mon Frère, je ne veux pas vous retenir plus longtemps loin de votre lecture. Le petit salon a une lumière excellente à cette heure de la journée. J'esayerai de faire en sorte que Monsieur l'Intendant veille à vous attacher quelqu'un."

Monsieur l'Intendant serait bien avisé également d'enlever les trognons de pommes des chinoiseries. Mais pour cela, Coriolano lui faisait absolument confiance.
Par ailleurs son esprit n'était déjà plus à ses choses. Ses paroles avaient été très aimables, mais une invitation claire à l'intention de ses deux jeunes parents, à prendre congé. Il avait à discuter avec Matteo.


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Ines di Grazziano
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleSam 25 Nov - 0:21

Inès afficha une expression peu amène devant le manège de Raffaele. Oui, elle était habituée aux salons et aux discussions mondaines, oui elle vivait dans une société ou la bienséance était de mise, elle avait un grand respect pour le frère du prince, elle était de nature aimable….
Bien sûr tout cela restait vrai ; mais son cousin venait de toucher une de ses cordes sensibles les plus profondément enfouie, qui ressemblait à s’y méprendre à de l’honneur, et elle n’avait pas tout à fait envie d’en rester là…
La Napolitaine observa le jeune homme la détailler en gardant le silence, avec une moue perplexe. Il ne tarda pas à faire volte face pour s’adresser à Ugo et elle s’adressa à son dos avec calme, affichant un très léger sourire ironique, tandis qu’il compulsait les rayonnages.


«Vous me voyez navrée de savoir que rien ne me rappelle à votre bon souvenir… Peut être essayerai-je à l’avenir de faire des entrées aussi remarquables que les vôtres ; Vous voudrez bien, de votre coté, m’excuser de ne pas avoir comme vous l’utilité flagrante de savoir parfaitement être odieux à toute heure du jour ou de la nuit. »

Trois coups secs furent frappés à la porte et Ugo se détourna pour ouvrir cette dernière. De là où elle se trouvait, Inès aperçue la figure souriante d’un jeune homme blond et elle l’observa d’un air surpris. Alors qu’elle détournait le regard, ses yeux se posèrent sur un des ouvrages disposés sur l’étagère à coté d’elle « La civilité puérile », d’Erasme. Elle s’en saisit avec curiosité et amusement avant de le tendre au plus jeune de ses cousins.

« Puisque vous cherchez de quoi lire, je vous recommande cette oeuvre, elle est des plus instructives. »

Sans attendre de réponse, la jeune femme posa l’essai sur le guéridon le plus proche et se dirigea, souriante, vers la porte que le prince Grazziano les invitait, avec toute l'amabilité du monde, à franchir.

« J’ai été ravie de vous retrouver cousin, et c’est un plaisir de séjourner dans ce palais. J’espère pouvoir le découvrir un peu plus avant l’arrivée de madame votre sœur. »

« Bonne lecture Monseigneur. » Dit-elle en se retournant vers Raffaele avec une légère révérence.

Elle fit un pas vers l’entrée, se retrouvant face au visiteur inconnu qui barrait cette dernière et le salua d’un « Monsieur. », accompagné d’un hochement de tête et d’un sourire, puis elle s'éclipsa.

[Couloir desservant les communs.]


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Raffaele di Grazziano
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MessageSujet: Re: La Bibliothèque   La Bibliothèque - Page 2 PerleSam 25 Nov - 2:01

Raffaele avait écouté les paroles de sa cousine, un sourire jouant sur ses lèvres. Ainsi, à la pousser beaucoup on arrivait à lui donner un souffle de vie. Cela était utile à savoir, pour les jours d'ennui où aucune autre occupation ne le tiendrait éveillé. Il saisit le livre qu'elle avait posé sur la commode et s'inclina, sourire éclatant au bord du rire.

"Je vous remercie de m'offrir l'aide que mon éducation requiert, Cousine."

Mais déjà elle se détournait pour se diriger vers la porte qu'Ugo venait d'ouvrir sur un jeune homme apparemment attendu qu'il ne connaissait pas. Ines lui fit à nouveau face un court moment et le salua, sans recevoir la pareille, Raffaele estimant q'une seule courbette suffisait à l'affaire.
Appuyé de l'épaule aux rayonnages de la bibliothèque, il se laissa le temps qu'il fallait pour feuilleter le livre élégamment conseillé puis pour le ranger et enfin reprendre le volume qu'il avait lui-même choisi plus tôt. Il n'aimait pas qu'on lui intima quelque ordre que ce soit et obéir ne lui était jamais aisé, d'autant plus quand on lui montrait la porte.

Cependant les affaires qu'avaient à traiter Ugo avec l'inconnu ne l'intéressaient pas le moins du monde et il n'avait aucune envie d'entendre quoique ce soit concernant la marche du palais ou tout autre souci domestique.
Il quitta donc son appui et à pas lents gagna la porte à son tour, gratifiant au passage son frère d'un regard amusé. Puis sans plus de façons, il contourna Ines et le jeune homme pour sortir dans le couloir. Il s'éloigna d'un pas plus rapide, après avoir fait un tour sur lui-même pour détailler la silhouette de l'inconnu
.

[Ca'Adorasti - Extérieur - Canal]
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